Le contre-amiral français Claude Gaucherand critique la politique des dirigeants de son pays qui ont fait de la France le «valet de l’atlantisme» et la cible de l’islamisme. Il a publié sur Internet, le 16 novembre 2015, une tribune libre dont Médias-Presse-Infoa donné les extraits majeurs, retraçant, en particulier, la chronologie d’une stratégie du chaos mise en œuvre contre les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, par les Etats-Unis, mus par «une doctrine et une idéologie dominatrices», suivis par les pays occidentaux ainsi que l’Arabie Saoudite et les émirats du Golfe. C’est ainsi, explique-t-il, que l’islamisme a resurgi et attiré la jeunesse de cette région, qui «s’y précipite avec toute la violence et le fanatisme, pour ne pas dire la haine de gens qui n’ont aucune autre perspective, loin des promesses de la vraie vie».
Il rappelle qu’en 1991, la première guerre contre l’Irak, par une coalition conduite par Washington avec tout l’Occident, et l’Arabie Saoudite et les autres émirats, a ramené ce pays laïque à «l’âge de pierre», selon les termes de James Baker, prononcés en juin de la même année, cités par le contre-amiral qui rapporte également comment Madeleine Albright a qualifié, en 1995, de «prix à payer» la mort de 500 000 enfants irakiens. Puis, poursuit-il, en 2002 : l’invasion de l’Afghanistan par l’Otan, sous la conduite des Etats-Unis, pour une guerre ralliée un peu plus tard par Sarkozy et, en 2003, la deuxième guerre d’Irak à partir du mensonge des armes de destruction massive propagé par Washington et Londres. A ce propos, il rappelle son déplacement en Irak, avec un groupe, pour démontrer ce mensonge et la menace qu’il reçut de la ministre de la Défense, Alliot-Marie, qui était visiblement en désaccord avec le président Chirac. Enfin, 2010, rappelle-t-il encore, avec Sarkozy président, «Londres et Paris s’unissent pour semer le chaos en Libye et faire assassiner le président Kadhafi». Pour le contre-amiral Claude Gaucherand, c’est une opération militaire «sous-traitée par Washington à ses deux vassaux auxquels il apporte le soutien logistique de pourvoyeur d’armes et de munitions».
Et en 2012, c’est la continuité, d’après lui, «après Sarkozy va-t-en-guerre, voilà Hollande et son ministre des Affaires étrangères, Fabius, dont l’obsession est la destitution d’un chef d’Etat légitime et la guerre à un Etat membre de l’ONU». Il s’agit de la Syrie qui est «à son tour dans le chaos, attaquée par Al-Qaïda, l’Etat Islamique et quelques autres entités baptisées opposition forcément démocratique : guerre médiatique mensongère, diabolisation à outrance, rien n’y fait, l’armée syrienne se bat et résiste, bientôt aidée par l’Iran et le Hezbollah chiites, et la Russie». On en est là encore. Sous Sarkozy, puis Hollande, la France a choisi de rompre avec la politique gaulliste d’indépendance à l’égard de l’Otan. Elle s’est faite partout la complice de l’atlantisme «jusqu’en Europe, que ce soit pour le dépècement de la Yougoslavie ou la guerre civile en Ukraine», écrit le contre-amiral.
Cet atlantisme, «de conviction ou de circonstance», c’est le vent que la France a semé pour récolter aujourd’hui la tempête sur son sol, écrit-il en référence aux attentats commis par le groupe terroriste Daech à Paris, vendredi 13 novembre 2015, dans la soirée. Dans un débat où les personnalités invitées sur les plateaux des télévisions françaises insistent pour désigner de façon précise l’ennemi, et certains suggérant que ce sont les musulmans, le contre-amiral affirme que «c’est l’atlantisme, qui est pour les Français, l’ennemi, le mal qui a donné libre cours à l’autre mal». Car, conclut-il, Al-Qaïda, Daech, ce sont les enfants des Etats-Unis «nourris aux pétrodollars du Qatar et de l’Arabie Saoudite et armés par eux par délégation de Washington». Le contre-amiral Claude Gaucherand s’interroge, dans tout cela, sur «le rôle joué par Israël, de façon directe et indirecte». Enfin, à propos de la guerre proclamée dans les discours de Hollande et Valls, il estime que c’est au peuple français à en décider par référendum et non pas au Parlement.