Belle initiative des éditions Via Romana que de rééditer deux « introuvables » de la saga raspailienne : Nuage Blanc (texte et photos d’Aliette Raspail) et Terres saintes et profanes (texte de Jean Raspail, photos d’Aliette Raspail).
Bien sûr, nous autres qui avons tout de Raspail (et même les films réalisés à partir de son œuvre par son fils Quentin), serrons précieusement dans notre bibliothèque les originaux dédicacés. Mais leurs rééditions – remarquablement soignées – vont venir enrichir notre « sanctuaire ».
Nuage Blanc d’Aliette Raspail, qui est à lire avec le Journal Peau-Rouge de Jean Raspail (réédité en 2011 par l’Atelier Fol’Fer), est une belle histoire à l’ancienne. Par-delà les aventures d’un petit Amérindien de la tribu des Crows, elle permet de (re)découvrir… l’Amérique. Les Crows, les Séminoles, les Hopis, les Zunis, les Pueblos, ce qui les rapproche et ce qui les différencie.
Qui se souvient des Hommes ? demandait naguère Raspail en mémoire et à la mémoire d’autres « Indiens » de la Terre de Feu, totalement disparus, eux. Qui ? Eh bien au moins les Raspail qui, sans tomber jamais dans l’indianisme compassé, montrent une réelle empathie pour ces peuples dont la civilisation ne se réduit pas à un folklore emplumé pour touriste pressé. Et les photos ? Ah, que j’aurais aimé partager un bout de pemmican et un verre d’eau de feu avec la maman de la petite Source Fraîche…
La réédition de Terres saintes et profanes, ouvrage paru en 1960, est judicieusement préfacée – et ès qualités – par Péroncel-Hugoz qui ne manque pas de saluer la vista, la vision prophétique de Raspail. Un exemple ? Raspail prévoit – nous sommes en 1959-1960 rappelons-le – « une prochaine et prévisible guerre israélo-palestinienne ». Une et même deux : la guerre des Six-Jours (1967) et la guerre du Kippour (1973).
Lors de la sortie de ce livre, Raspail expliqua : « Modeste guide de terres saintes et profanes après tant d’autres illustres, je voudrais simplement me servir du paysage, des lieux et des gens, pour essayer de raconter l’Evangile selon ce qu’il en reste. N’est-ce pas cet évangile-là que cherche en définitive le visiteur de Terre sainte ? »
Là encore de très belles photos d’Aliette Raspail (et de Didier Tarot), en noir et blanc quand celles de Nuage Blanc sont en couleurs (parures indiennes obligent) : Byblos, Pétra, Baalbek, Saint-Jean-d’Acre, le lac de Tibériade, le palais de Beit ed Dine et même nos deux amis flottant allègrement dans (ou plutôt sur) la mer Morte…
Pour prolonger le voyage, je ne saurais trop vous conseiller – et François de Crécy avec moi – le Vive Venise (texte Jean Raspail, photos Aliette Raspail) paru en 1992 chez Solar et devenu rare lui aussi.
Via Romana.