Tous les lundis matins, France Culture offre 5 minutes d’antenne à Caroline Fourest, afin que celle-ci donne son point de vue sur un fait d’actualité. Récemment mise en garde par le CSA qui lui demande de « faire preuve de davantage de vigilance et de rigueur, notamment pour des sujets sensibles d’actualité”, il était intéressant de suivre la journaliste dans ses chroniques de rentrée, du 31 août au 5 octobre. Plongée au sein d’un univers impitoyable, où la distinction entre vérité et mensonge devient inopérante.
Fourest-la-gentille contre les méchants : la fin qui justifie les moyens ?
Caroline Fourest est une victime. Victime de la « droite intégriste », « du climat d’intimidation intellectuelle »… elle se doit donc d’entrer en résistance. Et sa démarche a le mérite d’être claire : chez elle, pas de distinction entre adversaire politique et ennemi. Ce procédé a l’avantage de lui économiser un argumentaire : dès lors qu’on combat le Mal, pourquoi s’embarrasser à utiliser des moyens honnêtes ? Ainsi, Bachar el-Assad, en plus de se voire attribuer la responsabilité de la création de l’État islamique (28/09), aurait fait « plus de 200 000 morts au cours de sa répression » – l’Observatoire syrien des droits de l’homme, qu’on ne peut pas soupçonner d’être pro-Assad, en compte 10 000 à 20 000. Jamais très loin lorsqu’elle parle du dictateur syrien : Vladimir Poutine. Ce dernier n’est rien moins que la source de tous les maux de la planète : cet « autocrate redoutablement dangereux », qui a pour objectif de « coloniser » l’Europe, a en effet permis « la contagion djihadiste voulue par Bachar el-Assad ».
Le christianisme est également dans le viseur de Caroline Fourest, qui ne voit aucun inconvénient à pratiquer la désinformation la plus tranquille en imputant par exemple aux chrétiens la responsabilité des crimes des milices centrafricaines anti-balaka… alors que lesdites milices sont majoritairement animistes. Affirmations sans preuves, manipulation des chiffres, renversement de la vérité… tel est le cocktail que Caroline Fourest réserve à ceux qui ont le malheur de lui déplaire.
Accusée France, levez-vous !
Dans sa croisade, Fourest se réserve le droit de choisir ses alliés, et la France n’en fait pas partie. Quoi qu’elle fasse, celle-ci est dans l’erreur. Certaines voix s’élèvent pour prendre la défense des chrétiens d’Orient ? C’est « une surenchère entre la droite et l’extrême
droite » s’exclame l’essayiste, montrant son indignation sélective, elle qui déclare « tout à fait légitimes » le boycott des produits israéliens (21/09). Mais elle ne s’arrête pas là, et
s’improvise avocate de l’Islam : « il ne fait aucun doute que la motivation des gangs terroristes [de l’État islamique] doit très peu à la spiritualité et beaucoup à leurs hormones » nous apprend- elle. Allier féminisme primaire et culture de l’excuse, une rude concurrence pour Edwy Plenel lui aussi chroniqueur à France Culture.
Au fil de ses chroniques, Caroline Fourest esquisse son portrait du français moyen ; celui-ci est loin d’être élogieux. Ainsi de déclarer que si les Français se méfient des hommes politiques et se mettent à voter pour les extrêmes, c’est parce qu’ils ne comprennent pas leurs discours. La solution ? Des « élus pédagogues ». Les traiter d’idiots serait revenu au même.
Cachez cette réalité complexe que je ne saurais voir
Caroline Fourest semble avoir trouvé un moyen imparable d’évacuer toute explication qui déplairait à son idéologie : l’accusation « d’instrumentalisation ». Christine Boutin essaye d’expliquer le départ de jeunes « français » pour le djihad par « l’abandon de nos valeurs et le relativisme bobo » ? Circulez, il n’y a rien à voir : c’est de l’ « instrumentalisation de l’horreur ». De même, sans chercher à comprendre les raisons profondes qui poussent les islamistes à agir ainsi, la journaliste se contente d’explications pour le moins simplificatrices, ceux-ci n’agissant de la sorte que parce « qu’abrutis, grossiers, psychopathes » (28 septembre). Tel est le monde selon Caroline Fourest : des gentils, des méchants. Et beaucoup de mauvaise foi et d’amateurisme.