« La construction d’une telle mosquée à l’endroit même des anciennes Arènes ne serait-elle pas la façon la plus symboliquement frappante de cracher tout le mépris que les traditions espagnoles méritent aux yeux des séparatistes ? »
♦ Certains prétendent que le fameux Olé ! – le cri qui retentit dans les Arènes pour acclamer les actions les plus vertueuses (au sens du romain Virtus, évidemment) que le torero accomplit – serait la transposition en espagnol de l’invocation faite à Allah par les Maures : vous savez, ces aimables « cohabitants » ou « remplaçants » des Espagnols pendant quelques siècles. C’est évidemment faux, vu que lorsque la tauromachie vit le jour aux XVIIIe et XIXe siècles, il y avait déjà belle lurette que les envahisseurs avaient été chassés.
Dommage que la boutade ne soit pas vraie, car si elle l’était, ce serait l’invocation à Allah qui retentirait bientôt à Barcelone là où l’on entendait des Olés. Ceux-ci n’y résonnent plus depuis deux ans et demi : ils ont été emportés par l’interdiction des courses de taureaux, proscrites en Catalogne par une conjonction de l’esprit animaliste propre à la plupart de nos contemporains et de la haine antiespagnole propre au sécessionnisme qui fait rage dans le pays catalan.
Mais l’interdiction n’a pas suffi. L’ignominie qu’elle représente va être exacerbée par la vexation suprême : la vente à l’émir du Qatar de La Monumental, les célèbres Arènes de Barcelone. De la sorte, l’une des plus grandes traditions du monde hispanique et de la France méridionale sera remplacée, sur son sol même, par les traditions et les prières de 40.000 fidèles musulmans. Telle serait, en effet, la capacité de la méga mosquée qui, moyennant quelque 2,2 milliards d’euros, devrait y être construite –mais essayer de reprendre la Reconquista, ne vaut-il pasun petit effort ?
Pour que les 40.000 fidèles puissent s’y agenouiller et prier en direction de La Mecque, il suffit que le contrat, déjà signé avec les propriétaires de La Monumental, reçoive le feu vert des autorités municipales de Barcelone. S’y résoudront-elles ? C’est probable. Car l’affaire est plus qu’alléchante pour les tenants du Grand Remplacement. D’une part, ils tirent leur révérence devant les nouveaux fidèles… lesquels ne manqueront pas, dans leur générosité, d’allouer à qui de droit un bon pourboire, aumône ou commission. Quelques pour cent sur lesdits 2,2 milliards, voilà qui n’est pas de refus ! En même temps, ériger au beau milieu de Barcelone une telle mosquée, la plus grande d’Europe et la troisième au monde, juste après les lieux saints de La Mecque et de Médine, n’est-ce pas là une excellente façon de faire offrande aux nouveaux dieux en carton-pâte du cosmopolitisme et de la globalisation apatrides ? (De bien curieux apatrides, d’ailleurs, ces séparatistes catalans : chauvins jusqu’à la nausée pour ce qui est de leur chère « nation »…)
Au surplus, une telle mosquée n’attirerait-elle pas, sous la forme de pèlerins, des milliers et des milliers de touristes qui viendraient grossir les rangs de ceux sous l’envahissement desquels croupit déjà la belle mais aujourd’hui dégradée ville de Barcelone ? Et surtout, surtout… la construction d’une telle mosquée à l’endroit même des anciennes Arènes ne serait-elle pas la façon la plus symboliquement frappante de cracher tout le mépris que les traditions espagnoles méritent aux yeux des séparatistes ? A supposer, bien entendu, que la tauromachie ne soit pas une tradition tout aussi profondément catalane, Barcelone ayant été, par exemple, la seule ville au monde où trois Arènes étaient, au siècle dernier, simultanément ouvertes.
Voilà des raisons plus que valables pour que les tenants catalans du Grand Remplacement autorisent la construction de la troisième plus grande mosquée du monde. Mais ils ont un problème. Et ce problème est… le minaret. Car, selon les plans établis, il serait gigantesque. C’est d’une hauteur de 300 mètres que le muezzin répandrait tous les jours la prière, alors que la tour la plus haute de la Sagrada Familia (le temple chrétien, œuvre de Gaudi, qui est aussi l’un des monuments les plus emblématiques de la ville) ne mesurera, lorsqu’elle sera terminée, que 175 mètres : presque la moitié. Et ça, non, ça c’est vraiment trop ! Oh, ils voudraient bien, ces braves gens. Qu’est-ce que ça fait, quelques mètres de plus ou de moins face aux 4.000 emplois qui seraient créés par des travaux aussi faramineux ? Mais un tel minaret serait trop voyant et je ne crois pas qu’ils osent porter l’affront aussi loin. Il faudra que l’émir du Qatar – c’est peut-être là la monnaie d’échange déjà prévue – daigne en abaisser la hauteur de quelques mètres.
Et quelles sont, vous demanderez-vous, les réactions du brave peuple catalan depuis que l’affaire a éclaté à la fin juin ? Ce projet fou a-t-il déclenché un grand émoi parmi la population ? Des manifestations ont-elles déjà été organisées ou du moins envisagées ? A-t-on déjà commencé à recueillir des signatures exigeant, par exemple, qu’à l’instar de la Suisse un référendum soit organisé ?