Sensuelle, déterminée, intransigeante. Rien ne résista à son incroyable ascension. Fille d’un montreur d’ours, née dans les bas-fonds de Byzance, prostituée dès l’adolescence, Théodora devint la plus grande impératrice de son temps. À l’aube du vie siècle, alors que l’Antiquité se mourrait et que le christianisme triomphant permettait toutes les rédemptions, elle gravit les marches sociales une à une jusqu’au sommet de l’État.
Courtisane assumant pleinement sa sexualité vénale, Théodora s’affranchit des règles que lui fixait une société qui tolérait à peine son existence. Sa vie changea lorsqu’elle rencontra Justinien, l’héritier du trône. Lui non plus n’appartenait pas à l’aristocratie. Leur amour se mua rapidement en un véritable partenariat. Abrogeant des lois séculaires qui empêchaient leur mariage, Justinien fit de Théodora son épouse et l’impératrice de l’Empire romain d’Orient.
L’ancienne putain, désormais parée de pourpre et de perles, fut le véritable « premier ministre » de l’empereur. Éprise du pouvoir, elle l’empêcha de fuir la ville lors de la grande révolte de 532 surnommée la sédition Nika. Vaincre ou mourir. Telle aurait pu être sa devise.
Une fois assurée de sa puissance, elle fit et défit les carrières des hauts fonctionnaires, créa des réseaux d’espionnage, protégea les moines persécutés et, surtout, elle bouleversa les rituels de Cour : on la saluait, face contre terre, avec la même déférence que l’empereur, elle, une femme, une ancienne prostituée.
Aimer le sexe et le pouvoir, se comporter avec la même liberté qu’un homme, voilà ce qui a fait entrer Théodora dans l’histoire et même dans la légende.