C’est le feuilleton sanitaire de l’été : avons-nous mangé des œufs contaminés au Fipronil ?… Mystère car le produit s’est disséminé un peu partout dans la chaîne alimentaire et chacun se demande si l’omelette, pourtant délicieuse, de Tante Odile ne serait pas empoisonnée. Mais c’est ailleurs qu’il aurait fallu regarder…
Il faut ingérer un milligramme à peine chaque jour pour que les autorités s’inquiètent, c’est peu (7 œufs nous dit-on). Il faut dire que les effets rapportés sont assez violents car il s’agit d’un neuro-toxique. La puce perd la boule et meurt paralysée… L’homme, nous explique-t-on, est plus résistant qu’une puce… voire… mais je veux bien admettre qu’il faut une plus grosse quantité de Fipronil pour l’abattre. Combien ?
Si vous êtes propriétaire d’un animal, chien ou chat, vous connaissez bien le Fipronil car régulièrement, il faut débarrasser Kiki de ses puces et vous lui administrez alors un produit appelé Frontline des Laboratoires Merial. Savez vous quelle quantité de Fipronil vous allez lui administrer ? Si vous utilisez un spray, sachez qu’on recommande 75 mg pour traiter un animal de 10 kg : 75 fois la dose qui inquiète tout le monde…
Si vous avez un gros chien et que vous bataillez pour lui en administrer un peu partout, rien qu’en respirant, vous avez largement crevé les plafonds de l’empoisonnement. Et puis une fois que le gros toutou se sera lèché, lorsqu’il se sera frotté à droite et à gauche,lorsqu’il en aura imbibé meubles et tapis vous pourrez bénéficier d’une bonne dose pendant un bout de temps. Au fait, ne vous avisez pas de le caresser pendant que vous mangez… ou de laisser un enfant lui faire des mamours. Mais au moins, vous n’aurez pas de puces.
Le vrai scandale du Fipronil ne se trouve donc pas dans les œufs frelatés mis en vente ces derniers jours mais au cœur de nos foyers. Il y a plus de Fipronil sur le chat que vous venez de traiter de retour de vacances que dans toutes les boîtes d’œufs du monde. Pauvre chat… et pauvre de vous qui faisiez jusqu’ici pschitt, pschitt allègrement, sans savoir.
Rappelons simplement que dans la filière bio, on n’utilise pas de Fipronil — ce que la presse dit peu, bizarrement. Scandales après scandales, les « gendubio » recueillent heureusement les fruits de leur probité. Je l’ai constaté cet été dans la « Bio Vallée » de la Drôme où je suis allé quelques temps pour me ressourcer.
Ici il y a des gens qui croient à un autre monde, qui pensent partage, sobriété, bonheur simple, gratuité. Ils ont peu d’argent bien souvent et peu de besoins, mais ils vivent là depuis un bout de temps, et de mieux en mieux. Ils boivent des coups avec les gens du coin, chantent, dansent, jouent de la musique à la fête du village. Il y en a qui font des eaux florales et d’autres qui donnent des cours de tango. Ils me font penser à mes aînés qui refaisaient le monde en 68. Pendant qu’ailleurs on se méfie de l’œuf, ici, on remercie la poule de l’avoir pondu.