Connaissez-vous la série américaine « Person of Interest » ? Bien qu’elle ait commencé à être diffusée en 2011, son prétexte narratif serait en passe de devenir réalité… l’existence d’une machine-programme, destinée à prédire les crimes dans la société. Rien d’aussi avancé en Chine, en réalité. Néanmoins, ce qu’on appelle « la police prédictive », née aux Etats-Unis et déjà partiellement mise en œuvre, serait en passe d’être le nouveau joujou chinois, via une gigantesque plate-forme de Big Data. Et, dans un pays communiste, ça peut devenir nettement gênant…
Tout est une question de données. De Big Data. Et la Chine, pas vraiment attentionnée à la préservation de la vie privée de ses citoyens, possède déjà une somme colossale de ces données collectées à un rythme effrayant depuis plusieurs années. Elle va la systématiser, la centraliser sur une plate-forme, par l’intermédiaire d’une entreprise étatique « China Electronics Technology Group ». Et aboutir ainsi à une « mise en profil » de tout un chacun.
(…) Elle compte ensuite combiner ces données avec le développement de l’apprentissage machine, de la reconnaissance faciale, de l’intelligence artificielle, pour être capable de fournir des capacités prédictives novatrices.
Et après ? Sur le papier, les autorités seront à l’affût de toute « rupture de norme », de tout comportement suspect qui pourrait être un indicateur potentiel de « terrorisme ». Mais reste à savoir quelle est la définition chinoise du terrorisme…
Évidemment, il y a le type « attaque de campus ». Mais qu’on se garde de penser que l’intérêt gouvernemental ne sera qu’altruiste… Il est bien plutôt radicalement intéressé ! Prédire l’instabilité… Gérer les minorités en tension… Contrôler les dissidents… Avertir des manifestations… Prévenir les grèves… Menacer en temps et en heure.
On objectera que les pays dits développés n’ont pas attendu la Chine pour organiser leur propre police prédictive et pouvoir contredire au mieux les événements nocifs au pouvoir et aux idéologies en place – la Manif Pour Tous a été un superbe exemple. Seulement la Chine, avec le caractère confucéen, profondément non individualiste de sa population habituée à courber l’échine, l’idéologie éminemment communiste de ses dirigeants et l’absence d’adversaires politiques internes, donnera quelque chose de bien plus totalitaire et ne s’embarrassera surtout pas de paravents – il n’y aura pas de bataille de vitrine Apple/FBI.
C’est un fait, la Chine a énormément renforcé ses capacités de surveillance au cours des cinq dernières années, ainsi que ses dépenses sur la « sécurité intérieure et la stabilité » qui ont d’ailleurs dépassé le budget de la défense (13% supplémentaires). Cette année, le gouvernement chinois a même contraint 650 villes à améliorer leur capacité de surveiller les espaces publics par des caméras de surveillance et autres appareillages…
Le pays représente ainsi, aujourd’hui, le plus grand marché mondial de la technologie en ce domaine. Et les entreprises occidentales se ruent sur ce gâteau tout trouvé, d’une valeur prévisionnelle de 132 milliards de dollars pour 2022.
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