Le président d’une association gitane a porté plainte pour “discrimination” jeudi contre l’hebdomadaire local Le Petit Journal catalan, après la publication d’un article et d’une une sur un quartier gitan de Perpignan, a-t-il annoncé à l’AFP.
“Dix ans après les émeutes…”, “A quoi servent les Gitans de Perpignan?” clamait la une de l’hebdomadaire local du 14 août, en référence aux violences qui avaient éclaté entre communautés maghrébine et gitane après le meurtre d’un jeune d’origine maghrébine en 2005.
A l’intérieur, un dossier de trois pages illustré de photos sur le quartier gitan de Saint-Jacques, situé dans le coeur historique de Perpignan.
“Je sors du commissariat où j’ai déposé plainte contre le journal pour discrimination”, a déclaré Joseph Saadna, président du Comité d’animation de la Place du Puig, dans ce quartier. “On dit que les Gitans ne servent à rien, qu’ils ne veulent pas s’intégrer, travailler, mais il ne faut pas oublier qu’on est français, on n’a pas à s’intégrer, c’est notre pays”, a-t-il dénoncé.
Le titre, “inadmissible”, et l’article ont “énormément choqué” Jean-David Rey, président de l’association Gitans de France. “On est français, comme vous, comme n’importe qui”, a-t-il ajouté.
Onze éditions de l’hebdomadaire sont publiées par Arc-en-ciel, maison dirigée par Alain Paga. Ce dernier, installé à Montauban (Tarn-et-Garonne), a été mis en examen en juin pour “recel de fonds publics détournés” aux côtés de la maire Les Républicains de la ville, Brigitte Barèges, soupçonnée d’avoir rémunéré sur les fonds de la collectivité son ancien chargé de communication, Jean-Paul Fourment, pour écrire des articles favorables dans Le Petit Journal.
La rédaction de l’édition catalane de l’hebdomadaire, en grève depuis le 11 mai notamment pour non paiement des salaires depuis plusieurs mois, s’est désolidarisée du numéro dans un message sur les réseaux sociaux. Elle a dénoncé une Une “à caractère raciste et xénophobe” et un “numéro +pirate+”, “car fabriqué directement depuis Montauban sans aucun journaliste salarié.”
“Nous faisons confiance aux institutions pour que ce torchon soit retiré de la vente au plus vite!”, ajoutent les journalistes.