Excellences,
Fr. Bruno Cadoré, maître de l’ordre des Prêcheurs depuis 2010 – Photo : La Croix[dropcap]A[/dropcap]ucun de nous ne peut rester insensible à ce qui se passe en Irak actuellement. Ce que nous voyons arriver là-bas en appelle à notre solidarité et à une réponse coordonnée pour que cesse la violation extrême des droits humains contre des groupes minoritaires sans défense à qui on dénie la dignité humaine la plus basique. Il s’agit d’une violation de la loi humanitaire internationale, et d’un crime contre l’humanité. Nos frères et sœurs sur place nous tiennent informés en continu de cette terrible situation. Ceux qui commettent cela sont une menace non seulement pour le peuple irakien et ses voisins mais pour nous tous, car ils mettent en œuvre une mentalité et une vision de la vie qui, si elle réussit, attirera de plus en plus d’adhérents, mettant en danger de nombreux états. Alors même que le conflit semble être un conflit interreligieux, il ne peut rien avoir de religieux car Dieu est un Dieu de vie, pas un Dieu de mort.
[pullquote_right](…)une menace non seulement pour le peuple irakien et ses voisins mais pour nous tous [/pullquote_right]
[dropcap]N[/dropcap]ous avons la chance d’avoir, avec les Nations unies, un forum engagé dans la construction d’un monde harmonieux et pacifique. Cependant, beaucoup de ceux qui auraient le plus besoin de son aide sont aujourd’hui cyniques sur son action, ayant l’impression que leurs appels à l’aide tombent dans des oreilles sourdes. La crise actuelle peut ainsi être une chance pour changer une mentalité qui serait soucieuse uniquement de « nos intérêts nationaux » pour une mentalité engagée dans la préservation de la vie et la dignité humaines de chaque être humain, indépendamment de sa race, de son origine ethnique, de sa religion ou de tout autre identité.
[dropcap]N[/dropcap]ous reconnaissons les efforts des pays qui répondent aux besoins sécuritaires et humanitaires des personnes déplacées en Irak. Cependant, ce n’est pas suffisant pour assurer leur survie. Quand un état ne peut plus contrôler un niveau brutal de violence, sur lequel le monde entier s’accorde à dire qu’il doit être arrêté (comme c’est le cas actuellement en Irak), alors la communauté internationale a l’obligation d’intervenir pour arrêter ceux qui commettent cette violence.
À la lumière de ceci, nous en appelons à vous et à tous les états membres des Nations unies pour :
- vous saisir de la crise actuelle en Irak aujourd’hui et assurer le déploiement immédiat d’unités militaires spéciales venant du plus grand nombre possible de pays, unités qui auront la capacité nécessaire pour arrêter la purification ethnique et sectaire en cours, assurer le retour sain et sauf des réfugiés dans leurs foyers et traduire les responsables en justice.
- arrêter l’approvisionnement en armes des responsables et de sanctionner ceux qui continuent à leur en fournir.
- répondre immédiatement afin de déminer la crise humanitaire, et ceci avant qu’elle ne prenne des proportions incontrôlables.
- protéger les membres des communautés minoritaires persécutées et, selon le droit humanitaire international, leur garantir un droit d’asile immédiat.
- mettre en place immédiatement des conditions de dialogue et de négociations de paix qui incluent toutes les composantes de la société.
Nous espérons et nous prions afin que vous et vos gouvernements répondent à cet appel urgent.
Fr. Bruno Cadoré, OP
Maître de l’Ordre dominicain (Ordre des prêcheurs)
“Il faut porter des coups fatals aux djihadistes” – Père Pérennès, ancien vicaire provincial des Dominicains pour le monde arabe
Père Jean-Jacques Pérennès – Photo : Le TélégrammeLe Père Jean-Jacques Pérennès, OP, directeur de l’Institut dominicain d’études orientales du Caire, ajoute dans un entretien publié le 20 août sur le site de l’ordre des Dominicains qu’il faut porter des coups fatals aux djihadistes : “il faut combattre ces djihadistes extrêmement dangereux” explique-t-il notamment. Il note en outre :
Les peshmergas kurdes peuvent-ils rivaliser avec les forces jihadistes ?
Les Kurdes sont en supériorité numérique, mais un appui militaire est nécessaire. L’État islamique a montré son efficacité sur le terrain avec cette progression fulgurante sur le territoire irakien. Mais la reprise de Mossoul [ndlr : partielle] par les peshmergas est un signe positif dans la lutte contre les jihadistes.
Les chrétiens pourraient-ils s’installer durablement au Kurdistan ?
Ce n’est pas la solution. Il faut lutter pour une reprise totale de Qaraqosh et de Mossoul, berceaux de la chrétienté en Irak. Mais il faut avant tout que les chrétiens puissent rentrer chez eux, retrouvent leurs maisons et leurs églises. Il faut résister contre ces jihadistes et stopper ce fantasme de rétablir un califat en Irak.
Après plusieurs semaines de violences, quelle est la situation des chrétiens ?
La plupart d’entre eux ont tout perdu. L’Europe a mis un temps fou à réagir face à une situation humanitaire désastreuse, c’est scandaleux. Cela montre une fois encore la faiblesse de l’Europe.
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