Sous la patte d’Anne Hidalgo, pasionaria plutôt roja, elle, les Khmers verts de la Mairie de Paris continuent leur petite révolution culturelle. Après avoir notamment pourri la vie des automobilistes (et on n’a pas encore tout vu), ils s’attaquent désormais à un mobilier urbain emblématique de la capitale : les kiosques à journaux.
Si rien n’est fait pour contrer les furieux de l’Hôtel de Ville, les quelque 360 kiosques parisiens, de style Art Nouveau, seront bientôt remplacés par des édicules dits « innovants ».
Dans une pétition, que l’on peut trouver – et signer – sur internet, on dénonce ce projet iconoclaste sans charme, totalement impersonnel, qui ferait perdre aux kiosques leur frise en fer forgé et leur petit dôme caractéristique : « Nous sommes pour que les kiosques à journaux parisiens aient un design qui reflète ce qui fait tout le charme du Paris romantique cher aux touristes de France et du monde entier. »
Le Paris romantique, le Paris éternel, ce n’est pas la tasse de thé de la Mairie de Paris qui, par ailleurs, soutient un projet intitulé « Migrantour » consistant à emmener « les touristes provinciaux et étrangers » découvrir le Petit Mali (un marché africain de Château-Rouge dans le 18e arrondissement) ou les « sapeurs » de Fashion Mix dans la Goutte-d’Or qui, nous dit-on, rendent « visibles la participation des immigrants à la culture et au prêt-à-porter français » (sic).
Pour Hidalgo et sa bande, les kiosques sont « obsolètes ». Il est donc urgent de les « moderniser ». Pour cela, la pasionaria a lancé un appel d’offres. Il a été remporté par MédiaKiosk (du groupe J.-C. Decaux). La conception des nouveaux édicules a été confiée à la designer Matali Grasset. Qui a prévu un éclairage vert ou rouge pour signaler si le kiosque est ouvert ou fermé. Et l’installation d’écrans interactifs à l’intérieur. Histoire de se mettre dans la poche les kiosquiers, qui font un travail souvent contraignant, on leur promet une gestion informatisée, un espace de rangement pour leurs effets personnels, du chauffage et une bonne isolation.
Spécialiste du Paris haussmannien, Michel Carmona dit son inquiétude : « Il y a un paysage parisien qui doit beaucoup à Haussmann et qui est un des fonds de commerce de Paris. C’est dommage de le démanteler. » D’autant que ce caprice va coûter plusieurs millions d’euros.
Cela n’émeut pas Hidalgo et ses Gardes rouges : « Les kiosques que vous voyez sont des plagiats d’haussmanniens qui sont en plastique et qui ont été installés dans les années 80 et l’autre partie, les espèces de bulles en plastique qui sont assez laides et qui ont mal vieillies, c’est ça qu’on veut changer. »
C’est faux : les kiosques haussmanniens ne sont pas des « plagiats », mais des copies à l’identique. S’il faut changer quelque chose à Paris, c’est Hidalgo et ses septembriseurs !
Alain Sanders – Présent