Partout dans le monde : la démocratie se transforme en ploutocratie!

Les idées mènent le monde. Précision : les idées fausses mènent le monde à sa perte.

La plupart des gens pensent qu’« il faut faire comme tout le monde », et ils enfourchent la première haridelle qui passe et, sur la foi d’un bonimenteur, ils s’en vont à l’aventure. Triste aventure qui finit dans une impasse, un coupe-gorge ou dans un précipice.

Rappelez-vous les paroles des démagogues au bagout intarissable, qui vantaient si bien les droits de l’homme, les lendemains qui chantent, le paradis sur terre. « Montez, montez, c’est la monture qu’il vous faut, c’est la bonne cavale, elle vous conduira immanquablement où vous voulez. Ce sera un merveilleux voyage… » Hue ! Dia ! Holà ! Quelle bourrique ! Une fois montée elle est rétive et n’en fait qu’à sa tête. Vous avez beau crier, tempêter et même battre cette bête apparemment si douce, elle va son chemin comme si vous n’existiez pas. Sacrée bourrique ! Mais ce sont toujours les mêmes bourriques qui se présentent pour vous satisfaire : car, comme si vous aviez les yeux bandés ou des lunettes filtrantes, vous n’apercevez jamais le bout du chemin ; on vous avait promis l’arrivée à tel lieu tel jour telle heure…Vous attendez encore !

Ah ! Dites-vous, on ne m’y reprendra plus. Mais à présent comment sortir de la nasse, de la chausse-trappe où cette sacrée bourrique vous a fourré ? C’est comme le supplice du pal : plus vous bougez, plus vous souffrez. Alors on n’en sortira jamais ?

Quelle étrange histoire ! Vous croyez monter une mule pacifique qui vous mènera d’un pas nonchalant à destination. Nenni. Tout se précipite. D’abord la mule prend une direction surprenante, et vous avez beau tirer sur les rênes, rien n’y fait. Tout à coup son allure s’accélère et elle vous emporte dans un tourbillon qui vous terrifie : c’est la révolution, du sang, un désastre de fin du monde ! Jules Monnerot appelait ces traverses « hétérotélie » : c’est la surprise du chef qui vous a mené où vous ne pensiez pas aller ; vous partez et vous ignorez où vous arrivez ; faute d’avoir suffisamment examiné l’engin qui devait vous conduire, ses rouages, sa puissance, ses particularités ; ou alors vous n’avez pas assez prêté attention à la direction du vent, aux intempéries, aux difficultés de la route.

Monnerot a attiré notre attention sur le détournement du sens des mots qui nous induisent en erreur et mène le peuple où il ne voulait pas. La novlangue est immanquablement le nocher du Goulag.

Ainsi les mythes de l’époque moderne engendrent-ils des monstres. Le suffrage universel favorise le mensonge universel. Le « progrès » tend à l’inéluctabilité. Les droits de l’homme conduisent à la servitude la plus pesante. Et l’égalité devient la haine de l’autre.

Si bien que se retrouve encore vérifiée l’analyse d’Aristote partout dans le monde : la démocratie se transforme en ploutocratie. La monarchie instable engendre la tyrannie. Et la République fait le jeu des oligarchies ennemies de la paix et de l’ordre.

Nicole Jetté-Soucy, dans son ouvrage L’homme tragique, distingue trois cas d’hétérotélie :

— On atteint le but visé mais aussi un autre but non prévu.

— On n’atteint pas le but visé mais un autre but non prévu qu’on aurait accepté ou refusé s’il avait été connu.

— On n’atteint pas le but visé mais un but totalement opposé au but poursuivi, et que l’on aurait rejeté dans tous les cas.

L’électeur français d’Emmanuel Macron va-t-il se retrouver dans cette dernière hypothèse ?

 

Paul-André Maur – Présent

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