Le Conseil d’État a donc rendu son jugement : après avoir déjà démoli plusieurs immeubles datant des XVIIIe et XIXe siècles, LVMH va pouvoir poursuivre son œuvre de destruction sur le dernier bel immeuble encore debout, du XIXe siècle. Le cabinet Sanaa pourra ensuite construire le bâtiment dont le principe est – ce n’est pas nous qui le disons, c’est LVMH – « d’abolir la notion même de façade ». La Cour d’appel de Paris – qui a, rappelons-le, jugé en formation plénière – se serait, selon la haute juridiction, « fondée sur une interprétation inexacte du plan local d’urbanisme » et aurait donc « commis une erreur de droit ». Le Conseil d’État porte ici une grande responsabilité. Comme le disent les associations dans leur communiqué diffusé hier : « l’urbanisme parisien, pourtant l’un des plus fameux et des plus enviés au monde, se trouve dépourvu de protection véritable ».
(…) Cette affaire nous incite à revenir plus tard, et de manière approfondie, sur les relations entre le Conseil d’État et le patrimoine, ainsi que sur son indépendance vis à vis du pouvoir. Dans l’affaire de la Samaritaine, l’union entre la Ville de Paris, le ministère de la Culture et Bernard Arnault, dont on connaît l’entregent, formait un rouleau compresseur qui ne laissait guère de chance aux associations. Il fallait une erreur de droit, le Conseil d’État l’a donc trouvée. Selon que vous serez puissant ou misérable…
Au début de l’année 2014, le Conseil d’Etat avait déjà perdu toute respectabilité en rendant une décision de justice sous influence concernant le spectacle de Dieudonné.
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