Nous vivons l’époque des submersions librement consenties. Du côté de nos populations, le travail est bien avancé, et les petits cochons roses ont été enlevés des manèges enfantins. Dont acte.
Curieusement, cette mue qui laisse insensibles les populations autochtones, indigènes, se double d’un envahissement linguistique anglo-saxon tout autant librement consenti. Et même plus, on en redemande. Cette conjonction entre deux phénomènes est-elle délibérée ou simplement le fruit de notre nonchalance et de nos épuisements ?
Le Festival de Cannes est certes un événement culturel et économique (le networking) qui envoie une image idéalisée de la France dans le monde entier, et c’est tant mieux. On y parle encore français, ce qui est réconfortant, mais regardons les titres des films. Ce qui est le plus remarquable, c’est qu’on se fatigue de moins en moins à traduire les titres en français. Même des films français portent des noms anglo-américains, comme « Personal Shopper ». Examinons les titres présentés :
Sélection officielle :
– Ouverture : 1 titre anglais sur 1
– Compétition : 6 titres anglais sur 21
– Hors compétition : 4 titres anglais sur 4
– Séances de minuit : 3 titres anglais sur 3
– Séances spéciales : 1 titre arabe, 1 titre anglais, sur 8
Un certain regard :
– Ouverture : 1 titre anglais sur 1
– Compétition : 7 titres anglais sur 17
Courts métrages :
– Compétition : 8 titres étrangers sur 10
– Cinéfondation : 14 titres étrangers sur 18
Hasard et nécessité de la conjoncture ?
Alors allons voir du côté des télévisions satellites : et prenons deux dates au hasard :
– le 8 mai 2016 : 26 titres anglais sur les 100 premières chaînes
– le 18 mai 2016 : 8 titres anglais sur les 20 premières chaînes
Après Cannes, Saint-Denis et le Championnat d’Europe de « Foot » : l’Euro 2016. L’hymne de l’Equipe de France y sera chanté en anglais : les rockers lillois « Skip the use » font une reprise du groupe « Kiss » : « I was made for lovin’you, babe », rebaptisée « I was made for lovin’you, my team ». Ce qui a provoqué chez le sénateur-maire de Fréjus, David Rachline, une demande de mise au point fort pertinente au secrétaire d’Etat à la Francophonie, un certain André Vallini que personne ne connaît hors les murs.
Bernard Chupin – Présent