Ils répètent et répètent « la communauté catholique » : des mots frelatés et empoisonnés.
Pourquoi le disent-ils ? Parce que, pensent-ils, ça met toutes les croyances à égalité.
Ouvrez vos téléviseurs. Des fidèles prient devant Notre-Dame. Le préposé aux commentaires lâche un « la communauté catholique se recueille ». Des fidèles sortent de l’église Saint-Sulpice et entonnent des chants religieux. Le journaliste de la chaîne concurrente prend un air grave et déclare : « la communauté catholique chante ».
Les journalistes, devenus paresseux, copient sur d’autres journalistes. Ainsi, par leur volonté, est née « la communauté catholique », une pitoyable aberration langagière. En France il y a des catholiques. C’est tout. Et c’est suffisant.
Mais pourquoi ne peut-on pas dire à la télévision : « les catholiques ». Pour des raisons complexes et difficilement avouables. Au commencement, il y a eu les Juifs. Ceux d’entre eux qui sont pieux – la minorité – se regroupent en effet en communautés autour d’une synagogue et d’un rabbin.
Ainsi, et c’est quand même dommage, a-t-on commencé à parler de « la communauté juive ». Puis sont venus les musulmans. Pour qu’ils ne soient pas trop jaloux des Juifs, on a décrété qu’il y avait chez nous une « communauté musulmane ». Ceux qui croient en Allah plutôt qu’en Yahvé ont dû éprouver un intense sentiment de satisfaction à se voir hisser au niveau d’une religion qu’ils n’apprécient pas par ailleurs…
Restaient les catholiques, non encore communautarisés par les chrétiens bien-pensants. C’est presque chose faite maintenant. Les journalistes ont commencé et les politiques suivront sans doute. Le but de la manœuvre : rapprocher les catholiques des musulmans. « Communauté catholique » et « communautés musulmanes » sont faites pour s’entendre dans un bel élan sororal.
Fort heureusement, la vulgate journalistique n’a pas encore tout à fait triomphé. Je connais des catholiques qui disent : « Je suis catholique ». Des Juifs qui annoncent : « Je suis juif ». Et des musulmans qui proclament : « je suis musulman ».
Benoit Rayski – Riposte laïque