Omniprésent dans les médias et le champ politique, mais aussi dans le langage ordinaire, le terme “bobo” n’est pas neutre. Son usage et ses variantes (“boboïsation”, “boboïsé”) tendent à simplifier, et donc aussi à masquer, l’hétérogénéité des populations et la complexité des processus affectant les espaces urbains qu’ils prétendent décrire. En réduisant les ” bobos ” à des caricatures, on juge des caractères, des intentions et des volontés, en oubliant que les représentations et les pratiques des individus et des groupes sociaux prennent place dans des trajectoires singulières et un monde hiérarchisé.
Ainsi, scientifiquement parlant, “les bobos n’existent pas”, et les notions de “boboïsation” ou de “boboïsé” ne conviennent pas pour saisir et caractériser la diversité des logiques et des mécanismes, voire, parfois, les contradictions à l’oeuvre dans les phénomènes de “gentrification”, marqués par le ” retour en ville ” des catégories moyennes et supérieures, l’effacement des plus pauvres et le renouvellement des activités et des paysages urbains. C’est ce que montre cet ouvrage, qui propose un regard historique et sociologique sur le mot “bobo” et ses usages, dans les univers médiatiques, politiques et culturels, comme dans les discours des populations impliquées.