Par Guiseppe Di Bella
En Asie du Sud-Est, le sultanat de Brunei, un État islamiste membre du Commonwealth, vient de se doter d’un code pénal appliquant la charia au sens strict. Peine de mort, lapidation, amputation sont ainsi prônées pour punir l’homosexualité, l’infidélité ou les relations hors-mariage.
Le sultanat de Brunei est un petit État d’Asie du Sud-Est riche en pétrole et en gaz, enclavé dans la Malaisie, et qui compte près de 400.000 habitants. Son monarque, le sultan Hassanal Bolkiah, règne depuis 1967. C’est l’un des hommes les plus riches de la planète, avec une fortune estimée à plus de 30 milliards d’euros.
Il est propriétaire de deux grands palaces parisiens : le Plaza Athénée et l’Hôtel Meurice. Majoritairement musulman, le pays vient de se doter d’un nouveau code pénal qui appliquera la charia au pied de la lettre. Il entrera en vigueur le 22 avril. Il prévoit la flagellation, l’amputation des membres et la lapidation pour plusieurs crimes et délits. Des châtiments particulièrement barbares qui commencent à inquiéter les défenseurs des droits de l’homme.
La charia, pare-feu contre la mondialisation
Le sultan Hassanal Bolkiah, âgé de 67 ans, souverain absolu et également Premier ministre (et accessoirement, ministre des Finances et de la Défense !) , a déclaré, en annonçant l’adoption de l’intégralité de la charia, appliquée en partie depuis plusieurs années en matière familiale, dans le code pénal brunéien : “C’est pour répondre à nos besoins qu’Allah le Tout-Puissant, dans sa générosité, a créé des lois pour nous, afin que nous puissions les utiliser pour obtenir justice.”
Il a affirmé qu’une monarchie islamique absolue servirait de “pare-feu solide et efficace” contre les défis de la mondialisation. Il est un proche allié de la Grande-Bretagne. Son pays n’est indépendant que depuis le 1er janvier 1984, après avoir été pendant longtemps un protectorat britannique. Il est membre du Commonwealth et de l’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) qui est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays de l’Asie du Sud-Est.
Adultères et relations homosexuelles punis de mort
Dans le nouveau code pénal, l’insulte au Prophète Mahomet, la consommation d’alcool et la grossesse hors mariage constituent désormais des délits passibles de lourdes sanctions. Il prévoit la mort par lapidation pour les rapports consentants entre personnes de même sexe (l’homosexualité était punie auparavant d’une peine d’emprisonnement qui pouvait aller jusqu’à dix années), l’adultère, le viol, les relations sexuelles extra-conjugales et pour le fait de se déclarer non-musulman. Quant aux voleurs, l’amputation des membres est prévue. Rassurez-vous, nous sommes toujours en 2014…
L’application de la charia au Brunei ne provoque pas beaucoup de remous auprès de la communauté internationale. C’est ce qui est le plus révoltant. Seules quelques ONG s’inquiètent de ces graves atteintes aux droits de l’homme. Les Brunéiens vont être les premières victimes de ces dispositions législatives d’un autre âge. Ils vont vivre dans la terreur. Les minorités sexuelles et religieuses – il existe dans le pays une importante communauté philippine, majoritairement catholique – sont menacées, dans l’indifférence quasi-générale.
Le Commonwealth doit réagir
Que s’est-il passé dans la tête du sultan pour en arriver à de telles extrémités ? Personne ne semble capable d’apporter une réponse. Vivant dans un palais de 1.788 pièces qu’il a fait construire et possédant une collection de plus de 5.000 automobiles, on dit que c’est un homme dépressif qui ne sait plus quoi faire pour passer son temps.
Aurait-il introduit la charia dans son pays juste pour se divertir, comme les empereurs romains tuaient le temps avec les jeux du cirque ?
La communauté internationale doit condamner fermement le sultanat de Brunei, qui devient le premier pays d’Asie du Sud-Est à appliquer la charia. Il n’a plus sa place au sein du Commonwealth. Le nouveau code pénal brunéien est contraire aux valeurs qu’il entend promouvoir :
“Le Commonwealth fait la promotion d’une série de valeurs communes à ses membres telles que l’égalité, la non-discrimination, la démocratie et la primauté du droit.”
Il faut lui envoyer un message fort. La flagellation, l’amputation et la lapidation sont des pratiques cruelles et inhumaines qui n’ont plus leur place au XXIe siècle.