Le Parlement européen c’est 751 députés, 1676 assistants, 6683 agents, un budget de 1,9 milliard d’euros, soit plus que celui de Marseille, des banques, une poste, des coiffeurs, un libraire, des bars, une blanchisserie, une police et même des grèves du personnel. Bref, une ville de 9000 habitants.
Ce livre en révèle la vie, les réseaux, l’intimité, les couloirs mystérieux, les escaliers dérobés, les combles sous les toits, avec des trésors jamais explorés, même le souterrain secret à Strasbourg, sous le fleuve, où personne n’avait pénétré et jusqu’à la salle interdite, où des écrans surveillent tout. C’est le livre d’un initié, Jean-Claude Martinez, qui vingt ans député a tout observé, pour donner ici le Da Vinci Code secret de cette assemblée. Pour autant et c’est surprenant, elle n’intéresse guère. A ses élections, 40 % à peine des électeurs y vont voter et les chefs des grands partis ne daignent pas s’y présenter.
Voilà les faits. Sur le papier, le Parlement européen est certes le patron de l’Europe. Il en investit la Commission, il peut la renverser, il vote les «lois», autorise les traités et décide aussi du budget. Pourtant, il ne passionne pas. Pourquoi ? Mais parce qu’il lui manque le seul pouvoir essentiel qui depuis 800 ans fait un Parlement : voter l’impôt. C’est dire la solution. Pour susciter enfin l’adhésion, le Parlement doit faire adopter un impôt sur les bénéfices des Google, Amazon et autres multinationales, qui se jouent des nations et s’évadent sans leur verser de contribution. S’il ose ce coup de force, et ce livre lui explique les moyens qu’il a pour le faire, il accèdera à la légitimité et remettra du bleu sur l’avenir de l’Europe.