Il Figlio, Manuel, soit en français le fils, Manuel est un drame social italien. Manuel (Andre Lattanzi) passe ses dernières semaines en un foyer pour mineurs, en Italie du Nord. Il a dix-huit ans, il va devoir partir. Il s’en réjouit, car la discipline du centre, qui est la même pour mineurs de quatre à dix-huit ans lui pèse, d’autant qu’il est depuis peu majeur. Dans le fond, il est loin d’être un mauvais sujet, et vient régulièrement en aide aux éducatrices, d’un dévouement exemplaire, mais peu nombreuses et débordées par une tâche énorme. Et ces enfants ou adolescents sont souvent instables et peu faciles. Particularité italienne, l’établissement est confessionnel : des religieuses assurent l’encadrement spirituel de ces mineurs, qui bénéficient aussi de messes régulières et d’un prêtre. La religion catholique donne des repères à ces jeunes. Ces repères doivent singulièrement manquer dans les établissements équivalents strictement laïcs en France.
Dur, sans misérabilisme, Il Figlio, Manuel, pour les amateurs de drame social
Manuel avait été placé cinq ans plus tôt dans ce foyer. Il avait habité jusque-là avec sa mère, qui, délinquante multirécidiviste, avait été condamnée à sept ans de prison pour trafic de stupéfiants. On suppose que le père est inconnu ou disparu depuis longtemps. Après cinq ans de prison effective, en cas de bonne conduite, un condamné peut demander à bénéficier d’un aménagement de peine, c’est-à-dire à sortir de prison tout en demeurant sous contrôle judiciaire strict. Pour bénéficier de ce régime, il faut un garant, une personne de la famille hébergeant l’ancien détenu. L’avocat de la mère a eu l’idée de proposer comme garant le seul membre vivant de sa famille, son fils Manuel. Après tout, il est majeur. Une telle chose est donc légalement possible. Pourtant un garant doit présenter, comme le nom l’indique, des garanties strictes de sérieux : il doit habiter un logement propre et bien équipé, travailler de façon régulière. Aussi Manuel doit-il se dépêcher de nettoyer l’appartement de sa mère, inoccupé depuis cinq ans, et de trouver un travail. Bon fils, il se met à l’ouvrage et réussit une présentation convenable devant l’assistante sociale.
Il Figlio, Manuel, à travers les rencontres du personnage principal, s’intéresse aux pauvres et marginaux en Italie. Manuel essaie vraiment d’agir au mieux. Mais il y a bien des tentations, et certains milieux, où la drogue et la prostitution sont des loisirs trop pratiqués, sont en effet criminogènes. On aurait aimé quelques coupures sur ces scènes, même si l’on échappe à de longs plans complaisants. Il reste la responsabilité individuelle, qui n’est pas niée, heureusement.
Dur, mais sans misérabilisme ni affectations mièvres, Il Figlio, Manuel intéressera les amateurs de drame social.