Patrice de Plunkett publie Cathos, ne devenons pas une secte, un essai, ou plutôt un pamphlet sur ce qui menace, selon lui, la frange bourgeoise des catholiques français : une dérive sectaire, antipapiste, libérale économiquement, réfractaire aux changements dans l’Eglise.
Nous avons connu Patrice de Plunkett dans sa période Action française. Il écrivait alors sous le pseudonyme de Patrice Sicard. En mai 1968, il publiait ce qui était sans doute son premier essai, mais qui ne figure plus dans sa bibliographie : Mao ou Maurras. Plunkett prenait sans ambiguïté parti pour le maître de Martigues contre le Poussah de Shangaï.
Puis notre essayiste est devenu athée militant et a fréquenté la Nouvelle droite, alors même que les militants d’Action française se retrouvaient en pointe dans la confrontation idéologique avec ce courant. Il faut dire qu’Alain de Benoist, Jean-Claude Valla et quelques autres présentaient une séduisante cohérence de pensée et une remarquable curiosité intellectuelle.
Quelques années plus tard, on retrouve Patrice de Plunkett à la tête de la rédaction du Figaro Magazine. Ce qui correspond aux années Pauwels, aux années les plus flamboyantes et engagées de ce magazine. Entre-temps, Plunkett s’est converti (ou re-converti ?) au catholicisme et devient (pendant deux ans, nous précise-t-il) un zélé adepte de ce qu’il appelle l’intégrisme.
Puis on le perd un peu de vue.
Contre les « bergogliophobes »
Et voici qu’il nous revient sous les traits d’un catho progressiste !
Son pamphlet est en fait une sorte de « charge de la brigade lourde » contre le milieu catholique bourgeois (le sien, en l’occurrence), qui fait la fine bouche devant certains errements de notre pape, qui défend la liberté économique etc. Ce milieu n’a que « les apparences catholiques », écrit-il, car la doctrine sociale de l’Eglise combat le capitalisme, alors qu’il faut « militer pour une conscience écologique », et que réduire la foi à une spiritualité est un travers de la droite religieuse. Il part en croisade pour l’encyclique Laudato Si et contre les « bergogliophobes », en oubliant que la bergogliophobie s’alimente d’abord des propos à l’emporte-pièce d’un pape assez… imprévisible, et médiocre pédagogue. La bergogliophilie de Plunkett, elle, est sans limite.
Voici donc notre Plunkett pourfendant tout ce qu’il a adoré successivement : « le programme antisocial de Fillon », « l’académicienne (?) libérale-conservatrice Chantal Delsol », la « posture identitaire », Finkielkraut, accusé d’invectiver le pape, et jusqu’à la révolte catholique contre les inventaires de 1905 !
Tel un moderne Leo Taxil, Plunkett aura donc défendu ou combattu, selon les années, tout et le contraire de tout. On ne peut qu’attendre avec impatience son prochain opus. Sera-t-il alors devenu végan ? Naturiste ? Postfasciste ? Zadiste ? Macroniste ? Adepte du culte de l’oignon ? Les paris restent ouverts.
Cathos, ne devenons pas une secte, par Patrice de Plunkett, 2018, Salvator éd., 150 pages.
Francis Bergeron -Présent