Voici le visage d’Agnès Sorel, la dame de Beauté de Charles VII! (Vidéo)

Le visage d’Agnès Sorel a été reconstitué en 3D par Philippe Froesch avec l’aide scientifique du Dr Philippe Charlier. Le résultat est saisissant. Est-ce sous les traits de ce visage que le roi Charles VII est tombé profondément amoureux d’Agnès Sorel dont il fera par la suite la première maîtresse officielle ? Il y a de très fortes chances.

Philippe Froesch, de Visualforensic, à qui l’on doit déjà la visualisation numérique des visages d’Henri IV, de Simon Bolivar ou encore de Maximilien Robespierre, a procédé à la reconstitution du visage de la Dame de Beauté. Les premières images ont été diffusées lors du magazine de France 3, « Des Racines et des Ailes », le 22 octobre.

Le résultat est plus qu’impressionnant. Les performances informatiques permettent aujourd’hui de matérialiser le moindre détail avec une extrême finesse, que ce soit le grain de la peau, les cheveux, l’iris de l’œil…
Une première reconstitution informatique avait été réalisée en 2005. C’était il y a un siècle en ère numérique. « Nous avions gardé le scanner du crâne d’Agnès Sorel qui nous avait permis, avec Jean-Noël Vignal (*), de faire cette reconstitution. Depuis, la science a beaucoup progressé et les outils informatiques aussi qui permettent d’être encore plus réaliste. Là, nous avons travaillé plus sur le plan microscopique », souligne le Dr Philippe Charlier.
C’est à ce médecin légiste des grands noms de l’histoire que l’on doit la confirmation scientifique d’un empoisonnement au mercure de la maîtresse de Charles VII.

“ On n’est pas loin du tableau de Jean Fouquet ”

Madonna and Child surrounded by Angels, by Jean Fouquet

Le visage version 2014 est-il raccord avec les précédentes représentations de la favorite ? « Ce portrait n’est pas éloigné du tableau de Jean Fouquet (NDLR : vers 1450). Il y a une ressemblance, avec cette petite bouche, ces grands yeux et ce grand front. »
A ce jour, la seule représentation en trois dimensions est celle du gisant de la belle Agnès dans la collégiale Saint-Ours de Loches : « On avait comparé la morphologie du crâne d’Agnès Sorel avec celle du gisant : c’était parfaitement le même, bien que le bout de son nez ait été cassé à la Révolution française.
« C’est normal, le visage du gisant avait été fait à partir d’un masque mortuaire. On a le même exemple pour Henri II, Catherine de Médicis… »
Dans dix ans, aura-t-on une autre version d’Agnès Sorel ? Le tableau de Jean Fouquet la représente avec une poitrine généreuse, un sein dénudé, et une taille très fine. « Même si on avait eu une côte ou une vertèbre d’Agnès Sorel, on n’aurait pas pu reconstituer le reste de son corps », sourit Philippe Charlier. Désolé, messieurs !

(*) A l’époque, directeur du département d’anthropologie légiste à la gendarmerie nationale de Paris.

Les mêmes méthodes utilisées par le FBI en contre-terrorisme

Philippe Froesch, de la société Visualforensic basée à Barcelone (Espagne), a réalisé, avec le Dr Charlier, le visage numérique d’Agnès Sorel.

Comment avez-vous procédé pour reconstituer le visage d’Agnès Sorel ? A partir du crâne ? Du scanner déjà fait en 2004 ?
« La reconstruction a été faite à partir du scanner fourni par Philippe Charlier. Ma collaboratrice, Dominika Nociarová, qui est anthropologue, a déterminé les épaisseurs de tissus mous, chairs, muscles en fonction de l’âge (entre 25 et 30 ans), du sexe et de l’origine ethnique caucasienne.
« Nous avons également déterminé le volume du crâne de façon statistique à partir de données récupérées sur des cadavres féminins et basés sur la hauteur et la largeur du massif facial restant d’Agnès Sorel.
« Ces données ont été présentées à Philippe Charlier qui les a validées. Pour ce qui est d’autres parties, comme le nez ou les lèvres, nous avons employé des méthodes scientifiques strictes basées sur des équations mises au point par le service de contre-terrorisme du FBI.
« En ce qui concerne la couleur des cheveux, nous avons axé notre étude sur la couleur des restes de sourcils encore présents sur le crâne et sur l’iconographie existante. »

Comment parvenez-vous à donner ce relief au visage ?
« Le volume est obtenu à partir de la structure osseuse sous-jacente et des marqueurs d’épaisseur de tissus mous qui sont ces petits cylindres (environ 20) disposés sur le crâne. »
Le Dr Charlier parle de « travail microscopique ». Sur quoi vous basez-vous pour avoir ce rendu de grain de peau, de cheveux… ?
« En fait, tout dépend du format final : si le client nous demande un format HD (haute définition), nous allons devoir pousser le rendu des détails. Nous nous appuyons sur des clichés HD de peau que nous avons en bibliothèque et nous choisissons la qualité qui nous semble correspondre à l’âge et à l’état de santé et de soins du sujet.
« Tout est alors sculpté à la main. Rien n’est automatique, contrairement à ce que l’on peut voir dans certaines séries policières très populaires actuellement. »

Faites-vous abstraction ou alors tenez-vous compte des représentations du visage existantes, comme celui de son gisant ou des tableaux ?
« Comme toujours, nous faisons abstraction de l’iconographie existante et des gisants car ce ne sont pas des photographies mais des interprétations d’artistes plus ou moins talentueux.
« Si représenter un visage de façon fidèle est difficile en peinture, dans le cas des gisants sculptés, la possibilité d’erreur de jugement, des proportions et surfaces est encore plus grande.
« Mais ces éléments graphiques nous sont utiles lorsque nous cherchons à vérifier la couleur des yeux ou des cheveux, par exemple. Notre travail se base sur des méthodes de reconstruction qui sont employées dans les services d’identification de la police.
« Nous collaborons d’ailleurs avec la police de Barcelone sur des cas d’identification de victimes où il ne reste que le crâne. »

La reconstitution, la finesse des détails, sont impressionnantes. Dans dix ans, par exemple, avec des outils plus performants qu’aujourd’hui, quels types de reconstitution pourrait-on voir ?
« Dans dix ans… Plus de réalisme, des animations faciales cohérentes. En fait, la qualité ne cesse d’augmenter de façon exponentielle, ce qui nous oblige à rénover notre parc informatique puisque les calculs deviennent de plus en plus lourds et longs.
« Comptez en moyenne une à deux heures de calcul par image. Il en faut 25 pour obtenir une seconde de film. Faites le calcul pour 30 secondes… ».

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