Les décadences dans l’histoire : la Grèce (Aristophane), Rome (Suétone), l’Europe et la France actuelle.

Le thème héroïque parcourt l’histoire de notre civilisation. Mais il y a des époques de décadences qui peuvent s’avérer fatales. Ce fut le cas pour la Grèce et la Rome antique. Nous vivons actuellement une période de décadence en Europe occidentale et singulièrement en France. Une période de décadence se reconnait au déclin des valeurs morales qui permettent la survie d’une société.

Mais aux yeux de beaucoup, la décadence n’apparait pas. Certains croient même vivre une période de « progrès », se fiant au seul progrès matériel, technique et économique. Ils sont insensibles aux facteurs de mort qui les environnent (effondrement de la famille et de la natalité, invasion migratoire) et à l’appauvrissement intérieur des âmes (individualisme exacerbé, déclin du niveau culturel, absence d’idéal, mépris des racines).

Heidegger appelle ce phénomène « l’oubli de l’être », qui fait que l’homme en vient à oublier son essence et sa vocation sur terre. Il ne vit plus que pour vivre des sensations éphémères : c’est l’homme « esthétique » de Kierkegaard qu’il oppose à l’existence éthique et à la vie spirituelle dans la perspective de l’éternité.

En Grèce, l’idéal héroïque a commencé à être critiqué au Ve et au IVe siècle avant notre ère. Dans les comédies d’Aristophane comme les Nuées, l’auteur met en scène le père et le fils, qui argumentent l’un contre l’autre. Le fils utilise sa raison pour démolir les traditions et la morale et pour justifier son abandon à ses instincts reptiliens chaotiques. Mais la Grèce conserve alors globalement ses vertus et elle ne s’effondre vraiment qu’avec sa défaite militaire contre Rome.

Dans des auteurs romains comme Caton, puis Suétone ou Juvénal, on s’indigne de l‘effondrement de l’esprit civique de la Rome ancienne et de la dépravation des nouveaux Césars. L’historien Tacite oppose les vertus des Germains aux vices de la Rome décadente. Là aussi, outre la décadence, la défaite militaire est le signe de la mort d’une civilisation. La Rome occidentale est vaincue au Ve siècle par les envahisseurs germaniques. La Rome orientale, Constantinople est vaincue militairement par le Sultan Mehmet II Fatih (le conquérant) mais mille ans plus tard !

Un scénario analogue à celui de Rome et de Constantinople est-il en train de se mettre en place ? L’Europe occidentale semble fatiguée de vivre. Elle résiste peu à l’invasion migratoire et se démilitarise toujours plus, espérant que les Etats-Unis garantiront sa sécurité éternelle.

Par contre l’Europe orientale résiste moralement et la Russie connait une renaissance démographique, militaire, morale et spirituelle sans équivalent à l’ouest. Comme l’a écrit De Gaulle, « l’épée est l’axe du monde » et rien ne peut remplacer une défaite militaire intégrale. Ce dernier disait de l’Allemagne qu’on lui avait cassé les reins pour longtemps. Les Etats-Unis en profitent aujourd’hui.

La disparition ou la marginalisation du modèle héroïque est caractéristique du phénomène de la décadence. Pour Heidegger, il faut être en veille pour pouvoir accompagner l’éclaircie de l’être quand elle se produira. Alors, l’homme redeviendra un homme véritable qui tel saint Georges réussira à vaincre le dragon par l’alliance de la force du cœur et de l’élévation de l’esprit.

Ivan Blot – Polémia

 

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