Les membres de la monarchie britannique, des traîtres comme les autres!

Les milieux conservateurs français considèrent souvent la monarchie britannique comme une sorte de relique sacrée de l’ancien temps, et la prennent en modèle de traditionalisme face à notre Marianne, cette gueuse républicaine qui aurait tout bradé, tout renié. Même dans les colonnes de ce journal, on encense la monarchie de Buckingham, avec ses gardes aussi immobiles que son protocole.
L’antirépublicanisme primaire ne doit pas faire perdre de vue la réalité du pays. Si les Anglais se disent à 84 % « très attachés à la monarchie », et si seulement 14 % se réclament ouvertement républicains, cela ne tient pas tant d’un désir de « préserver les traditions et le puritanisme moral » que d’un inconscient collectif dans lequel le mot « république » est synonyme de désordre et d’oppression, suite à la malheureuse expérience « républicaine » de l’ère Cromwell, au XVIIe siècle. De plus, être républicain était, jusqu’au XXe siècle, un délit passible de prison, ce qui contribua à diminuer l’influence de ce courant.

La jeunesse anglaise serait-elle désireuse de préserver ses racines et de revenir à la sobriété victorienne ? Promenez-vous à Londres, vous aurez bien des surprises. Les jeunes Anglais sont attachés à la monarchie, certes ; mais c’est plutôt par réflexe pavlovien ; tout comme une large majorité de nos lycéens se diraient partisans de la parité et de la démocratie éco-participative, sans y comprendre grand-chose et sans se demander pourquoi.

Enfin, cette mythification de la royauté britannique témoigne d’une méconnaissance de l’actualité politique relative à Buckingham Palace.
Sans évoquer les frasques de la famille royale, ni leurs dépenses pharaoniques qui avoisinent les 50.000.000 de livres par an, il est difficile de voir en eux un bastion de la tradition, si l’on se base sur les déclarations récentes des membres de la maison de Windsor.

Notons, d’abord, le soutien affiché de la reine Élisabeth II au mariage gay, qu’elle promulgua en grande pompe le 17 juillet 2013, ajoutant un « c’est formidable ! » tout à fait britannique.
Puis, en mai 2014, c’est le prince Charles qui monte au créneau et compare Vladimir Poutine à Hitler, répétant ainsi les propos de Wolfgang Schaüble et de Hillary Clinton qui, tous deux, avaient déjà établi le parallèle entre le président russe et le Führer de l’Allemagne nazie.

Et maintenant, c’est le prince William, qui sort de sa réserve et se positionne clairement contre le « Brexit » et pour l’Union européenne, appelant le Royaume-Uni à « agir de manière commune avec les autres pays européens ».
Au vu de ces éléments, peut-on encore prétendre que cette monarchie est un symbole de tradition ? J’en doute. Libre à vous de révérer une dynastie de rois fainéants pro-UE et pro-LGBT, mais qu’au moins on ne les affuble pas d’une toge trop grande pour leurs frêles épaules, en les érigeant en défenseurs d’un ordre ancien qu’ils font tout pour miner.

Nicolas Kirkitadze – Boulevard Voltaire

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