Nombre de travaux existent déjà sur les méfaits de l’oligarchie propriétaire des journaux et télévisions sur la politique mais également les mœurs ou l’économie. La tyrannie médiatique n’est cependant pas un ajout inutile à cette théorie d’ouvrages car il prend le parti de tirer de ce diktat des préservatifs au discours ambiant issu d’une nomenklatura habilement dénoncée.
Qui paie, commande.
Il faut noter que la corruption des médias est un phénomène permanent, du Torchon Bleu recevant les subsides russes pour promouvoir des emprunts toxiques au début du XXème siècle aux manipulations de l’Humanité dans les années 50, les journaux ont toujours su se vendre au plus offrant. Ce qui distingue cependant notre monde médiatique des précédentes modalités c’est la fadeur: « Car si une chose distingue notre morne presse des journaux de jadis c’est la vitalité. » Les médias, émanations du pouvoir, n’auraient plus besoin d’en rajouter pour s’assurer de notre servilité.
La désinformation est devenu le lot commun des organes de presse : » De même que la mauvaise monnaie chasse la bonne; la communication sature et remplace l’information. » Cette victoire de la communication sur l’information dans la presse marque une avancée dans la marchandisation du monde. Cette communication s’articule autour de plusieurs primautés: l’instant, l’image, l’émotion, la mise en scène ou encore la peopolisation. Tout cela débouche sur une présentation artificielle de la vie sociale qui explique des discours élitistes toujours plus déconnectés du pays réel.
Cette vie artificielle est orchestrée par les propriétaires des grands médias, la banque Lazard qui détient le journal Le Monde ou Bouygues propriétaire de TF1, et n’a d’autre but que d’assurer une emprise sur la société. Emprise qui est notamment évidente avec l’invasion publicitaire : » Qui paie commande! Le proverbe est ancien. Qui paie les médias? La publicité. et c’est ainsi que la publicité commande les médias, qu’elle peut en exiger silence et complaisance. »
Un monde défiguré.
Il faut noter que les annonceurs sont souvent très impliqués dans la mondialisation : « Ainsi l’union des mondialistes marchands et des internationalistes de salles de rédaction reçoit la bénédiction, sonnante et trébuchante, des publicitaires. » De plus la précarisation du statut des journalistes a accru leur autocensure pour préserver leurs ressources. Cette situation entraine une production idéologique importante, ainsi : » Nous vivons dans un âge idéologique mais qui ne se reconnaît pas comme tel. »
Cet âge idéologique trouve un relais important dans une parole instrumentalisée, c’est la victoire de la novlangue qui possède une double fonction lénifiante et productrice d’interdit. Cette novlangue est une matrice de dénégation : « Le système dominant impose aussi un quadruple déni-déni de réalité, déni de liberté, déni de débat, déni de cohérence- par la diabolisation des dissidents. » Ce système prospère sur grâce à une présentation manichéenne des évènements qui est prête à maquiller la réalité jusqu’à l’extrême comme nous avons pu le voir lors des révélations sur le meurtrier Bertrand Cantat et le pédophile Roman Polanski. Le scandale du montage idéologique de Carpentras étant un idéal-type de ce réflexe.
La tyrannie médiatique est par ailleurs un outil crucial de manipulation du peuple par l’oligarchie. Le véritable coup d’état médiatique qui eût lieu lors des présidentielles de 2012 avec le mépris officialisé des règles du CSA et l’implication de la firme Euro-RCSG qui tient la communication de nombre de potentats sont là pour montrer la négation de liberté publique organisée par les médias. Le drame c’est que la classe politique a cessé de gouverner pour se préoccuper en premier lieu de la communication.
Mise en scène et mort de la démocratie.
La tyrannie médiatique exerce une pression sur les gouvernants qui modifie le tempo qui sied à la vie démocratique. Nous en avons eu un exemple caricatural avec l’affaire d’Outreau ou manichéisme et dictature de la transparence poussèrent à une prise de décision ubuesque. L’Eglise elle aussi a du faire face aux campagnes d’une presse avide de scandale et de simplifications qui entrent en totale contradiction avec les exigences complexes de la vie spirituelle. Par ailleurs la mise en place de la nomenklatura bruxelloise n’a pas été sans fort soutien de la part des médias.
Nous en arrivons à un véritable krach civilisationnel : » ce bougisme médiatique s’oppose par essence à la civilisation, ce qui explique que les règles de cet univers évanescent s’opposent frontalement aux grandes références transcendantales du monde européen et chrétien, comme des autres grandes civilisations d’ailleurs. » il s’agit donc de contrer cette tendance et par une hygiène en abordant sur ses gardes la doxa médiatique et par un effort de réinformation notamment grâce à internet.
Ainsi : » Réinformer, c’est adopter une démarche intellectuelle qui conduit à se poser une série de questions: sur la sélection, la hiérarchisation, la promotion d’un fait au rang d’évènement ou, a contratio, sur son occultation, sur la mise en perspective historique, géographique ou politique d’une nouvelle; sur le choix du vocabulaire utilisé pour en parler »
Lu sur Nouvel arbitre