Le projet de création d’un lieu consacré à l’histoire et aux cultures de l’immigration en France est une idée ancienne, défendue à de nombreuses reprises par les milieux associatifs et universitaires.
Une idée ancienne
En 1990, l’Association pour un musée de l’immigration, créée à l’initiative d’historiens et de militants associatifs, portait déjà explicitement le projet de création d’un Musée de l’histoire de l’immigration. En 2001, Lionel Jospin, Premier ministre, confiait une mission à Driss El Yazami, délégué général de l’association Génériques, et à Rémi Schwartz, maître de requêtes au Conseil d’État, pour examiner quelle forme pourrait revêtir un tel lieu. Le rapport issu de cette étude prônait la création d’un Centre national de l’histoire et des cultures de l’immigration (télécharger le rapport). Il avançait plusieurs propositions qui seront reprises par la suite dans les discussions sur la mise en œuvre du projet : un centre national et un réseau de partenaires, un lieu ouvert sur l’université, un musée ouvert au public, etc.
Annoncé dans le programme de Jacques Chirac de 2002, le projet d’une Cité nationale de l’histoire de l’immigration a été relancé dans le cadre plus large du Comité interministériel d’intégration du 10 avril 2003. A l’issue de cette réunion, qui rassemblait près de trente ministres sous la présidence du chef du gouvernement, un programme annuel d’actions a été arrêté. Proposant 55 mesures, il s’adresse à la fois aux immigrés, notamment aux “nouveaux migrants”, aux personnes issues de l’immigration mais également à l’ensemble des Français.
La Cité : un instrument pour changer le regard sur l’immigration
“Suite au constat, selon lequel les représentations de l’immigration et des immigrés, trop souvent négatives, sont porteuses d’attitudes discriminatoires, conscientes ou non, qui constituent des freins d’autant plus forts à l’intégration qu’elles peuvent parfois également être intériorisées par les immigrés eux-mêmes et leurs descendants, la modification en profondeur des attitudes individuelles et collectives et des comportements qu’elles génèrent est apparue dès lors comme une nécéssité”.
Le Comité interministériel à l’intégration a lancé dans ce but deux initiatives, l’une dans le but de faire connaître l’apport des immigrés, souvent ignoré, à la construction et à l’histoire de la France par la création de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, l’autre agissant sur le reflet qu’en donnent au quotidien les médias, notamment la télévision, puissant constructeur d’image.
Dans ce cadre, Jacques Toubon s’est vu confier la présidence et la mise en place d’une mission de préfiguration d’un “centre de ressources et de mémoire de l’immigration”. S’appuyant sur les moyens et les compétences de l’Agence pour le développement des relations interculturelles (Gip Adri), cette mission a mis en place les outils de réalisation d’une institution à vocation culturelle, sociale et pédagogique nouvelle, destinée à reconnaître et mettre en valeur la place des populations immigrées dans la construction de la France.
La Cité nationale de l’histoire de l’immigration a été officiellement lancée le 8 juillet 2004 par Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, devant près de 600 personnes proches du projet. Dans son discours, il annonce qu’elle sera hébergée dans “un lieu emblématique, central et prestigieux”, le Palais de la Porte Dorée, et dévoile, en s’appuyant sur le rapport remis par Jacques Toubon, un projet ambitieux de musée largement ouvert au grand public et aux scolaires, conçu comme un point de repère national, un réseau d’acteurs, un lieu fédérateur d’initiatives déjà existantes, une vitrine de la culture vivante de l’immigration aujourd’hui. C’est également à cette occasion que le projet est baptisé « Cité nationale de l’histoire de l’immigration ».
De 2005 à 2006 : deux ans pour lancer un projet…
Le Gip (Groupement d’intérêt public) de préfiguration de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, présidé par Jacques Toubon et dirigé par Luc Gruson, a conduit quatre chantiers majeurs :
- la programmation et le suivi des travaux d’aménagement du Palais de la Porte Dorée par l’architecte Patrick Bouchain (maitrise d’ouvrage DMF déléguée à l’EMOC)
- la préparation de l’entité juridique destinée à gérer la future Cité
- la rédaction du projet scientifique et culturel de la Cité
- la préfiguration de la future Cité par des activités scientifiques et culturelles.
De 2007 à 2011 : L’Établissement public de la porte dorée, Cité nationale de l’histoire de l’immigration
À compter du 1er janvier 2007 (décret n°2006-1388 du 16 novembre 2006), le Gip Cité nationale de l’histoire de l’immigration est devenu un établissement public à caractère administratif (EPA), placé sous la tutelle des ministres chargés de la Culture, de l’Intégration, de l’Éducation nationale et de la Recherche, et ayant pour mission de “contribuer à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et de faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France”.
L’Etablissement public est chargé de gérer le Palais de la Porte Dorée, mais l’aquarium tropical situé au rez-de-chausée reste géré par un SCN de la Diretion des Musées de France dans le cadre d’une concession du domaine public. La billetterie et les activités commerciales restent également confiées à la Réunion des Monuments Nationaux. La convention avec la RMN, qui liait le SCN et la Cité nationale de l’histoire de l’immigration sera maintenue jusqu’à la fin de l’année 2012.
L’établissement est présidé par Monsieur Jean-François Roverto, alors patron d’Eiffage et dirigé par Patricia Sitruk de 2007 à 2010. Monsieur Jacques Toubon préside son Conseil d’Orientation avec un rôle consultatif. De 2010 à 2011, Madame Mercedes Erra, présidente d’Euro RSCG préside le conseil d’administration et Luc Gruson dirige l’établissement.
En 2010, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration connaît une grave crise dans un contexte politique délicat :
– non renouvellement des instances (Présidence et Direction) pendant plusieurs mois
– occupation par les sans papiers
Parallèlement, les travaux d’installation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration et de rénovation du Palais de la Porte Dorée se poursuivent après 2007, car au moment de l’ouverture au public en 2007, seule l’exposition permanente est achevée. Suivront ensuite :
- Les salles d’exposition temporaire
- L’auditorium (2008)
- La médiathèque (2009)
- Le forum (2012)
- Les jardins (2013)
Depuis 2012 : L’Établissement public du Palais de la Porte Dorée
À partir du 1er janvier 2012 (décret n° 2011-2008 du 28 décembre 2011), la Cité nationale de l’histoire de l’immigration et l’Aquarium de la Porte Dorée ont été réunis dans un nouvel établissement culturel public de l’État, chargé de développer chacun les deux projets scientifiques et culturels qui le composent et de mettre en valeur l’ensemble patrimonial du Palais de la Porte Dorée. Le rapprochement des deux activités dans un Établissement public unique, envisagé dès 2006, permet au nouvel ensemble de rassembler ses moyens transversaux, tout en préservant la particularité culturelle et scientifique de chaque entité.
Les missions et les équipes de chacune des entités demeurent inchangées et disposent de moyens spécifiques, notamment sur le plan budgétaire. L’Aquarium tropical se voit doté d’un collège scientifique au sein du Conseil d’orientation de l’Établissement, qui donne son avis sur le projet scientifique et culturel spécifique de l’Aquarium. Les instances de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration restent inchangées.
Après sept années d’existence, le musée est enfin inauguré officiellement par le président de la République François Hollande le 15 décembre 2014. Il prend officiellement le nom de Musée national de l’histoire de l’immigration.
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