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« Hey bande de fils de p… ! Baissez les yeux ! Baissez les yeux p… ! Vous êtes chez moi ici, vous ne pouvez rien contre moi ! Je suis intouchable bande de p… » Ces insultes-là, les policiers de la brigade anti-criminalité du Kremlin-Bicêtre les gardaient en travers de la gorge vendredi quand ils ont quitté la cité Duclos de Villejuif sans pouvoir interpeller celui qui les a proférées. Ce dealer de 20 ans, qu’ils connaissent très bien, leur a brandi son immunité diplomatique. Et elle n’est pas bidon.
La veille à Paris, le jeune homme utilise pour la première fois son statut protégé. Les enquêteurs du groupe stups de Paris XIII, qui eux ne le connaissaient pas, l’interpellent à 13 heures chez lui à Villejuif. Il est soupçonné d’ordonner des petites livraisons de cannabis. Les policiers saisissent des téléphones et de l’argent liquide. C’est là que le dealer abat sa carte diplomatique. Deux heures plus tard, le ministère des Affaires étrangères confirme l’immunité. Dans la foulée, le parquet ordonne sa libération « immédiate » et même la restitution des 480 € retrouvés dans sa chambre.
« Il gère le petit point de deal du quartier »
Le jeune dealer est le fils d’un personnel technique et administratif, semble-t-il, de la diplomatie camerounaise. Il s’agirait plus exactement d’un jardinier. Contacté, le ministère des Affaires étrangères ne nous a pas répondu.
« A chaque fois qu’on intervient cité Duclos, on tombe sur lui, soupire un policier. Il gère le petit point de deal du quartier. Quand il est tout seul, c’est lui qui baisse les yeux. Mais quand il est avec ses copains, il est insupportable. Même quand on ne vient pas pour lui, il la ramène. Il nous filme, prend des photos, met ça en ligne… Bref on est un peu blasés avec lui. » Sauf que jusqu’à présent, il ne faisait pas valoir son immunité diplomatique.
Vendredi soir, il n’a pas seulement insulté les policiers. Il leur a aussi demandé de se battre, leur promettant de les « crever ». Un attroupement d’une dizaine de personnes s’était formé.
Alors qu’ils se faisaient insulter, les policiers n’ont eu d’autre choix que de rebrousser chemin. Afin d’éviter, comme le dit l’expression consacrée, un « incident diplomatique ». […]