Le roman-photo a mauvaise presse. Le terme sous-entend tout à la fois la niaiserie sentimentale, la frivolité, ou encore l’ingénuité. À ce jour, il n’a que rarement retenu l’attention des historiens de l’image, et encore moins celle des musées et des centres d’art. Grave erreur ! Car le roman-photo a pourtant bien des choses à nous dire… et pas seulement des mots d’amour.
Né en 1947 en Italie, le roman-photo a constitué le plus gros succès éditorial de l’après-guerre, et restera pendant plus de vingt ans le best-seller de la littérature populaire en Méditerranée. Les lecteurs – en majorité des lectrices – se comptaient par millions ; les revues dans lesquelles ils étaient publiés passaient de main en main et c’est ainsi que dans les années soixante, on estime qu’un Français sur trois lisait des romans-photos.
Reconstituer ces petites mythologies sentimentales permet ainsi d’offrir une relecture originale de l’avènement de la société de consommation et de l’évolution des mœurs, tout autant qu’un regard décalé sur l’émancipation et la libération des femmes dans l’Europe méditerranéenne de la seconde moitié du XXe siècle.
C’est l’enjeu de l’exposition « Roman-Photo », qui réunit plus de 300 objets, films, photographies, documents, et, bien entendu, quelques-unes des plus belles réalisations de cet artisanat devenu en peu de temps une industrie culturelle de masse, dont certaines productions élaborées par des réalisateurs proches du néo-réalisme italien s’avèrent d’une qualité exceptionnelle.
Jalousies et trahisons, tendres baisers et cœurs brisés, décapotables et micro-ondes, Dolce Vita et lutte des classes : « Roman-Photo », un feuilleton riche en surprises, rebondissements et coups de foudre (esthétiques), à ne manquer sous aucun prétexte !