Dessinateurs de presse, acteurs, imitateurs, humoristes: ils sont des dizaines à croquer avec appétit le président élu, sujet rêvé des dessinateurs humoristiques. Seulement, beaucoup cherchent encore la bonne distance vis-à-vis du personnage.
Le teint orangé, les jugements lapidaires, les adjectifs emphatiques, la gestuelle et la coiffure improbable: tout ou presque, chez Donald Trump, prête à la caricature. Aux États-Unis, les très populaires animateurs de télévision Jimmy Fallon et Jon Stewart, les acteurs Bryan Cranston, Johnny Depp et Dana Carvey s’y sont tous essayés ces derniers mois. Avant qu’Alec Baldwin ne rafle la mise dans l’émission satirique Saturday Night Live, avec force pincements de lèvres et plissements de paupières.(…)
Complexe, également, de trouver le ton juste face à un personnage qui divise tant les Américains. À trop jouer sur l’apparence et la forme, il est ridiculisé, ce dont il s’offusque. Mais il en devient aussi, souvent, un personnage sympathique. L’imitateur de profession se pose désormais la question de représenter un Donald Trump président. «Je dois trouver un moyen d’aborder les sujets plus sensibles», poursuit John Di Domenico. Il souhaite «conserver une longueur d’avance sur lui, ne pas le suivre, imaginer les choses les plus dingues qu’il pourrait faire».
Alors que les médias américains se sont lancés dans une grande introspection depuis l’élection américaine, les dessinateurs de presse, des deux côtés de l’Atlantique, cherchent eux aussi un équilibre pour représenter ce personnage «bigger than life», «macho» patenté, juré de téléréalité et bientôt président. «C’est presque trop facile», pointe le célèbre caricaturiste français Plantu, dont les dessins paraissent chaque jour en une du quotidien Le Monde. Et d’avertir: «Ce qui est bon pour les caricaturistes n’est jamais bon pour la démocratie».
«Il est temps d’être plus précis et de le critiquer plus directement, pas seulement de se moquer de son teint orange et de sa personnalité», glisse Marc Rosenthal, qui collabore au prestigieux magazine New Yorker et a illustré pendant la campagne un livre satirique pour enfants (A Child’s First Book of Trump – Mon premier livre sur Trump). L’illustrateur, qui n’est pas caricaturiste de métier, dessine Trump sous la forme d’une pomme de terre, à la peau orange vif. Il ne voulait pas approcher de trop près le personnage sur le plan physique. Une démarche qu’il entend conserver pour illustrer un second livre, à paraître dès 2017.(…)
«Le dessin va s’affiner en fonction de son travail de président», estime pour sa part Kroll, du quotidien belge Le Soir. «Au début, il suffisait de dessiner un Noir pour représenter Barack Obama et puis, après, il est devenu cet homme élégant avec de grandes oreilles. Lors de sa réélection, on a commencé à le dessiner moins noir. Pour l’instant, tout le monde dessine Trump un peu pareil, mais bientôt chacun aura le sien.»