Pourquoi une machine à laver serait-elle à changer tous les huit ans, un grille-pain tous les trois ans, une télévision tous les dix ans, etc. ? Ce ne sont le plus souvent que des slogans publicitaires, qui jouent sur l’envie du consommateur de s’offrir les derniers perfectionnements, avec des machines présentant des lignes résolument modernes, plus compactes, et éventuellement quelques gadgets nouveaux qui permettront de briller un temps aux yeux de sa femme de ménage.
Mais aux échéances annoncées, le sèche-linge ou la machine à laver la vaisselle fonctionne toujours… Pourtant il existe, paraît-il, des industriels qui ont pu, dans le passé, introduire volontairement, dans le moteur ou parmi les composants de ces matériels, une pièce conçue à l’origine comme plus fragile, afin qu’elle casse au bout de trois, huit ou dix ans. C’est cela « l’obsolescence programmée ».
A-t-on pu prouver à ce jour l’existence d’une telle pratique ? Pas à notre connaissance. Mais que le consommateur se pose parfois la question, c’est certain. Et l’affaire Volkswagen, avec le trucage des moteurs pour tromper les tests environnementaux, prouve qu’une telle pratique n’est pas forcément du domaine de la science-fiction, et aurait pu traverser l’esprit de patrons peu scrupuleux.
En tout cas, la tentation ne devrait plus exister, car désormais « l’obsolescence programmée » est punie d’une façon extrêmement sévère : jusqu’à deux ans de prison, assortis d’une amende représentant 5 % du chiffre d’affaires. Remarquons au passage que dans notre système judiciaire, marqué par des absurdités de plus en plus évidentes, il vaut mieux commettre une agression à main armée, un vol avec effraction, ou mettre le feu à une vingtaine de voitures plutôt que d’être condamné pour « délit d’obsolescence programmée ». Si l’amende carabinée est fort bienvenue, il n’est pas sûr que la peine de prison s’imposait vraiment, ici…
Outre le fait que le consommateur ne sera plus victime de cette forme d’escroquerie, la disparition de « l’obsolescence programmée » pourrait contribuer à diminuer les déchets électroniques, qui représentent désormais une large part des quatre milliards de tonnes de déchets annuels produits chaque année sur la planète. D’autant que ces volumes sont en perpétuelle expansion. On parle d’une croissance de 40 % de nos déchets au cours des cinq prochaines années. Il faudra bien que cette folie consumériste finisse par trouver ses limites. Et que réparer, recycler, redeviennent des mots à la mode.
Francis Bergeron – Présent