Après un Néerlandais au Liban et un Espagnol missionnaire au Japon, c’est donc bien hors d’Europe que la Société de Jésus est allée chercher le successeur de saint Ignace, en la personne du Vénézuélien Arturo Sosa Abascal, 68 ans, élu vendredi 31e préposé général. « Il a toutes les qualités humaines et spirituelles pour répondre aux défis de la Compagnie dans les années qui viennent », se réjouit le P. Federico Lombardi, un des assistants de l’ancien général.(…)
Ce spécialiste reconnu des questions sociales et politiques n’en est jamais resté à la théorie. Coordinateur de l’action sociale des jésuites vénézuéliens puis directeur du Centre Gumilla, le centre d’investigation sociale des jésuites (l’équivalent vénézuélien du Céras français), ce fils d’un ministre social-chrétien des finances s’est même fortement engagé politiquement à gauche.
Selon la presse vénézuélienne, très critique contre les dérives de la démocratie représentative de son pays dans les années 1990, il a défendu en 1992 les deux coups d’État d’Hugo Chavez, dont il s’éloignera cependant à la décennie suivante à cause des atteintes aux droits de l’homme.
« Il est très engagé socialement, mais aussi profondément spirituel. Un homme de gouvernement, également, qui connait bien la Compagnie », résume le P. Antonio Spadaro, directeur de la revue jésuite italienne La Civiltà cattolica, et qui fut le voisin du nouveau général pendant cette congrégation générale.
Il l’a aussi souvent croisé à Rome où, depuis 2014, le P. Sosa avait la charge d’assister le P. Adolfo Nicolas, son prédécesseur, pour les maisons et les œuvres interprovinciales. C’est-à-dire toutes les institutions dépendant directement du préposé général, de la curie généralice elle-même à l’Université grégorienne, en passant par l’Observatoire du Vatican et les collèges internationaux.
« C’est un homme d’une grande humanité et d’une grande ouverture, qui a laissé un excellent souvenir aux jésuites de son pays quand il était provincial de 1996 à 2004 », ajoute le P. Gabriel Ignacio Rodriguez, assistant général pour l’Amérique du Sud. Pour ce Colombien, la nationalité du nouveau général n’a que peu joué dans l’élection. « C’est un homme d’expérience, qui a déjà participé à quatre congrégations générales, explique-t-il. Nous sommes allés chercher un homme de vision, capable de planifier une action pastorale au niveau mondial. »
À ses yeux, c’est en effet à la dimension du monde que se jouent les défis de l’ordre dans les prochaines années, que ce soit la question des migrations, de la mondialisation du dialogue interculturel, de l’inculturation ou de la justice sociale. Autant de « frontières », auxquelles le pape François, lui-même ancien jésuite venu d’Amérique latine, ne cesse justement d’appeler ses anciens confrères à se porter.
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