Afin de défendre l’usage du français au sein de la Commission européenne, un groupe de fonctionnaires européens francophones, baptisé «Carré bleu», est à l’origine d’une lettre ouverte destinée à la nouvelle présidente de l’institution, l’Allemande Ursula von der Leyen dont l’investiture est prévue le 1er novembre 2019. «Nous voulons avoir le droit de travailler en français», expliquent en effet les fonctionnaires, comme le rapporte Le Point qui s’est procuré une copie de la lettre.
Faisant officiellement partie, avec l’anglais et l’allemand, des trois langues procédurales utilisées au sein des services de l’exécutif européen, la langue de Molière y serait-elle en voie de disparition ?
En tout état de cause, le phénomène ne date pas d’hier et l’anglais a visiblement, au fil des ans, «supplanté les deux autres idiomes dans des proportions grandissantes» relève Le Point, qui s’appuie sur un rapport parlementaire de l’Assemblée nationale publié en 2016, dans lequel on apprenait que la quantité des documents de la Commission rédigés en français avait diminué de 40 % à 5 % entre 1997 à 2014, alors que l’anglais passait de 45 à 81 % dans la même période.
«[On en arrive à] un nivellement par le bas, chacun étant forcé de se conformer au plus petit dénominateur commun, ce qui en retour affaiblit, par manque de pratique, la maîtrise des autres langues», dénonce le groupe de fonctionnaires francophones, qui déplore par ailleurs qu’«à quelques rares exceptions», les réunions d’information soient exclusivement rédigées en anglais, «y compris parfois lorsque les deux interlocuteurs sont francophones». C’est donc dans ce contexte que le Carré bleu souhaite tirer la sonnette d’alarme, alertant notamment sur les enjeux stratégiques de l’utilisation de l’anglais. «La Commission utilise une langue qui est essentiellement une langue tierce, et qui donne un avantage concurrentiel (économique et culturel) à des États tiers comme le [Royaume-Uni] ou les États-Unis», regrette en effet le Carré bleu.
Citée par les Echos, une des personnes à l’origine de la lettre s’inquiète pour sa part du signal «déplorable» donné «aux peuples d’Europe» : « Il ne faut pas s’étonner si les Européens se sentent éloignés de cette Union qui communique majoritairement en anglais sur ses sites internet», ajoute la source en question.
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