Tout juste disparu des suites d’une longue maladie, Paul Wermus nous manque déjà.
Des journalistes comme lui, on n’en faisait plus guère. Et son grand ami et confrère André Bercoff d’ainsi saluer la mémoire du défunt : « Paul Wermus est parti. Un formidable ami, un infatigable journaliste, un dispensateur de chaleur humaine. Juste quelqu’un de vraiment bien ».
Il y a plus d’une vingtaine d’années, nos chemins s’étaient croisés à plusieurs reprises, alors que rien ne nous prédestinait à de telles rencontres.
Journaliste connu et reconnu, il squattait les pages nobles des gazettes, les radios et les télévisions, avait son rond de serviette au très chic Press Club de France.
De mon côté, j’œuvrais plutôt dans la presse dissidente et alternative, Minute, Choc du mois et National Hebdo. Ça ne le bouleversait pas plus que ça, bien au contraire.
Mieux : il se faisait un malin plaisir à m’inviter au club plus haut évoqué, un plaisir plus malin encore à présenter « son copain facho » à ses amis de Canal+ et de France Télévisions, un brin éberlués qu’un gueux puisse s’asseoir à la même table qu’eux.
Tel était Paul Wermus, ne prenant que peu de choses au sérieux, hormis l’amitié et la fidélité. Avec la gentillesse, la curiosité d’esprit était aussi le trait de caractère le plus marquant chez lui.
Comme disait justement Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, à propos d’un autre disparu – Gérard de Villiers, le père de SAS : « Trop de journalistes cherchent à juger sans jamais chercher à comprendre ; Gérard, lui, cherchait toujours à comprendre sans jamais chercher à juger. »
Paul Wermus était de cette espèce de plumitifs malheureusement en voie d’extinction. Il ne jugeait pas mes idées, réelles ou supposées, allant même parfois jusqu’à les partager, mais était au moins intraitable sur ce point voulant qu’il puisse tout entendre à condition que cela soit argumenté.
Nombre de ses actuels collègues seraient bien inspirés d’en prendre de la graine, ce qui leur éviterait de s’étonner ensuite que cette profession, l’une des plus belles qui soit ou devrait être, passe désormais pour passe-temps d’aigrefins et de zigomars auprès de la majeure partie de la population.
Certes, tout le monde n’est pas Florence Aubenas ou Georges Malbrunot, Éric Zemmour ou Natacha Polony, seigneurs du métier, chacun dans leurs domaines respectifs. Il n’est pas interdit, non plus, de vouloir tendre à cette excellence.
La preuve par Paul Wermus en sa piquante catégorie de flâneur mondain, observateur amusé et jamais dupe des bizarreries de notre époque vieillissante. Un artiste à sa manière. Et un chouette copain, ce qui ne gâtait rien.
Nicolas Gauthier -Boulevard Voltaire