Swatting?

Le «swatting» est un canular adapté à la sauce des réseaux sociaux et de la vidéo en direct. Il consiste en la dénonciation de faux crimes à des services d’urgence, notamment la police, afin de motiver leur déploiement dans un endroit en particulier. Il s’agit souvent de faire débarquer une équipe d’intervention chez une personne, en faisant croire aux autorités qu’elle s’apprête à commettre à crime ou qu’elle vient de passer à l’acte. D’où le terme de «swatting», dérivé de l’acronyme «SWAT», qui désigne une unité d’intervention d’urgence des polices américaines. L’expression n’est pas neuve: le site Know Your Meme, spécialisé dans les phénomènes en ligne, estime son apparition en 2007, date de la publication d’un article à ce sujet dans l’Urban Dictionnary.(…)

Les «swatters» ont généralement recours à des outils techniques pour ne pas se faire prendre, en passant par des services permettant d’afficher un faux numéro, des modificateurs de voix, des serveurs anonymes, etc. Les victimes de «swatting» sont variées. Des célébrités, comme les chanteurs Lil Wayne ou Justin Bieber, ont déjà été visées. Néanmoins, le phénomène touche plus particulièrement la communauté des jeux vidéo en ligne. Plusieurs personnalités du milieu, youtubeurs ou utilisateurs populaires du service de diffusion en direct Twitch, en ont été victimes.

Le «swatting» est utilisé dans plusieurs contextes. Ses auteurs peuvent s’y adonner par simple défi. Plus la cible est impressionnante, mieux c’est. Un bon «swatting» est un «swatting» qui fait parler de lui. Les personnes à l’origine de ce genre de canulars visent généralement des cibles très exposées médiatiquement, comme des écoles, des lieux d’événements sportifs ou de concerts. L’un des auteurs présumés de l’appel de samedi s’est réjoui sur Facebook d’avoir «fait déplacé des hélico, le gouvernement, 50 voitures de flics» (sic) et que son méfait ait été discuté sur Twitter, Periscope, Facebook et BFMTV. Il a aussi fait profiter de son appel à la police en direct à des amis sur Skype. Ce besoin d’exposition est la raison pour laquelle le phénomène s’est aussi développé sur Twitch: rien de mieux que de voir un «swatting» se dérouler en direct. (…)

D’abord un peu dépassées par le «swatting», les autorités françaises communiquent désormais sur le phénomène et préviennent que ces actes ne sont pas impunis. Un «swatter» peut être jugé pour fausse alerte et risque deux ans d’emprisonnement ainsi que 30.000 euros d’amende. Ce délit n’est pas réservé au «swatting», mais sert désormais de base à la condamnation de ce genre de méfaits. Cet été, un adolescent a été condamné à cette peine maximale pour avoir provoqué l’arrestation d’un joueur de jeux vidéo en direct, ainsi que celle de sa compagne. Deux autres personnes ont été condamnées à six et dix-huit mois de prison avec sursis pour avoir partagé la vidéo sur Internet. Au début de l’année, une autre affaire de «swatting», impliquant cette fois-ci des alertes à la bombe dans des lycées parisiens, avait mené à la mise en examen de l’administrateur d’un outil de messagerie sécurisée ayant permis la publication d’un message de revendication par les auteurs des appels. Interrogés par l’Obs, les deux adolescents qui revendiquent la fausse alerte attentat de samedi affirment ne pas avoir peur de la police.

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