Le très médiatique Gabriele Amorth, chef exorciste de la cité du Vatican et du diocèse de Rome pendant 36 ans, s’est éteint le 17 septembre à l’âge de 91 ans, suite à des complications pulmonaires. En 1990, le doyen des exorcistes avait fondé avec le prêtre français René Chenesseau (décédé en 2006), l’Association Internationale des Exorcistes (AIE). Reconnue officiellement en 2014 par la congrégation pour le clergé, le père Amorth en fut le président pendant encore dix ans, puis président honoraire à vie après son départ à la retraite, à 75 ans, en l’an 2000. Aujourd’hui, l’AIE regroupe environ 250 exorcistes qui opèrent dans plus de trente pays.
Comment mettre le diable KO ? Comment reconnaître son action dans le monde aujourd’hui et lutter contre lui ? Gabriel Amorth disait toujours : « Les chrétiens ne savent pas se défendre contre Satan », alors ponctuellement il était interrogé pour dispenser des conseils et révéler « les secrets » de l’enfer, rappelant que « ce n’est pas Lui, Dieu, qui a créé l’Enfer, mais nous, les hommes ! ».
Satan « très actif » à travers Daesh
Une de ses grandes interventions remarquées fut celle contre Daesh, dans une interview accordée en 2015 à un journal italien (Il Giorno) : « L’État islamique c’est Satan ! », avait-il déclaré. Mais encore, « la politique mondiale, qui aujourd’hui n’apporte pas de réponse au massacre des chrétiens, devra aussi combattre l’État islamique et le combattre sous une forme différente », avait-il prédit. L’exorciste parlait de la perte de terrain du christianisme dans le monde actuel : « Interrogeons-nous sur ce que l’Occident a fait au cours des dernières décennies. Il a envoyé Dieu au diable. Il a fini avec les bénédictions d’écoles, il a fini avec les croix, il a tout envoyé promener ».
Comment ne pas être troublé par ces paroles, après l’assassinat de Jacques Hamel, mort égorgé après s’être écrié « Va-t’en Satan ! Va-t’en Satan ! », rapportées par l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, lors de ses funérailles. Au cours d’une messe de suffrage célébrée le 14 septembre dernier, à la chapelle de la maison Sainte-Marthe, le pape François, lui-même, a reconnu : « Le père Jacques Hamel est un martyr qui a eu la lucidité de désigner le véritable adversaire et l’auteur de sa persécution : Satan ! (…) Car cette cruauté qui demande l’apostasie est satanique », a-t-il répété, « tuer au nom de Dieu est satanique ! ».
Tenace face au trouble et à la suspicion
Le père Amorth concluait toujours en parlant de Satan : « Il me répond seulement lorsque je lui pose une question. Il répète que le monde est en son pouvoir, et en cela il dit la vérité. Bibliquement parlant, nous sommes dans les derniers temps et la Bête travaille frénétiquement ». En affirmant de tels propos, et d’autres que l’on peut lire dans son livre testament, le grand exorciste italien affirmait pourtant « ne pas vouloir faire du sensationnalisme, mais simplement dire la vérité sur la pratique de l’exorcisme ». La manière la plus simple et la plus efficace pour lui était de « relater les faits », rapportait Famille Chrétienne à l’issue d’une rencontre avec lui, juste après la sortie de ses Confessions , en 2010. Ce livre relate les expériences les plus marquantes de vingt-quatre années passées à « ferrailler avec le démon pour la libération des âmes ».
Après un quart de siècle, Gabriele Amorth disait s’être habitué aux manifestations diaboliques. « Plus on connaît le Malin, moins on en a peur », expliquait-il face au trouble et à la suspicion que suscitaient parfois ses déclarations.
160 000 exorcismes
Il était l’auteur de nombreux livres sur l’exorcisme, dont le dernier publié en 2013 sous le titre Moi, le dernier exorciste – Une vie de lutte contre le mal , où il revient sur certaines affaires, scandales, disparitions et assassinats qui ont éclaboussé l’Église ces dernières années. Selon sa maison d’édition, il aurait réalisé 160 000 exorcismes.