A l’occasion de la Foire européenne de Strasbourg qui se tiendra du 2 au 12 septembre prochain, nous apprenons par les organisateurs que l’invité d’honneur de cette année sera la Tunisie. Jusque-là, hormis quelques crispations auxquelles nous sommes désormais habitués, la situation ne nous semble pas plus extravagante que de coutume.
C’est à l’annonce du thème de cette participation que l’on ne peut s’empêcher de manifester un fier agacement : « La Tunisie, terre de paix et de tradition. » Tout ce qu’on nous refuse avec dédain en Europe trouve un accueil bienveillant dès lors que nos frontières sont dépassées, cette « tradition » par exemple, et cela avec la même autorité qu’une loi mathématique. C’est une sorte d’inversion d’un état de fait proprement insupportable au service d’un slogan qui sonne faux. Si la Tunisie jouit d’une certaine stabilité, relative toutefois, elle a vu sa fréquentation touristique baisser drastiquement après ses attentats, et elle n’est pas sans contenir un réservoir de djihadistes dont beaucoup garnissent les rangs de l’Etat islamique.
Au programme, une cinquantaine d’artisans tunisiens qui viendront former des ateliers afin d’exposer leur savoir-faire et espérer enrichir le nôtre.
Il semble que jamais le fossé n’a été aussi large entre des élites entièrement gagnées aux « idées » mondiales et un peuple français qui redécouvre lentement son identité, au gré des attentats, et pour lequel le voisinage des femmes voilées devient de plus en plus problématique. Cette invitation trouve d’ailleurs un écho dans les récentes déclarations de la communauté tunisienne de Nice se sentant « stigmatisée » après l’attentat du 14 juillet.
Adrien Pierotti – Présent