Conversations privées avec le président

Depuis hier, plusieurs magazines et journaux nous livrent quelques morceaux choisis du livre Conversations privées avec le Président. Pas moins de 32 entretiens ont été nécessaires aux auteurs (deux journalistes, l’un d’Europe 1, l’autre de France 2) pour recueillir les confidences du Président. Un rythme effréné mais François Hollande a toujours adoré le contact des journalistes. On imagine qu’il a dû se délecter. Eux aussi, sans doute.

Certains extraits nous laissent tout de même pantois, notamment celui concernant la fameuse inversion de la courbe du chômage : « Je n’ai pas eu de bol », a carrément avoué – et pas sous la torture, on l’imagine bien – le Président. Nous non plus, d’ailleurs, nous n’avons pas eu de bol ! Cette phrase magique aurait, du reste, pu faire un magnifique sous-titre à ce livre. Quel sens de la formule, en tout cas. Imaginez de Gaulle après le Petit-Clamart, recevant le journaliste Michel Droit ou son ministre-écrivain André Malraux et se confiant sans détour, ni alexandrin : « P…, j’ai eu du c… ! » Cela aurait eu de la gueule, non ? Vous me direz qu’il s’agit de conversations privées avec le Président. Alors, si c’est privé, ce n’est pas avec le Président.

On apprend ce que l’on savait déjà : que François Hollande est un indécis de nature. « Foncièrement indécis », déclare même son fils Thomas. « Tant qu’il ne sait pas, il repousse, il attend », ajoute-t-il. Savait-il qu’en décidant, sans attendre, de faire une allocution solennelle à l’occasion de l’affaire Leonarda, il se ridiculiserait et, plus encore, abaisserait un peu plus la fonction présidentielle ?

La lecture des extraits qui nous sont livrés par la presse ne sont pas vraiment à l’avantage du Président.

Plus on tourne les pages et plus il apparaît que François Hollande se défausse toujours sur les autres, commente le journaliste du Point, livrant quelques bonnes pages. « Il n’aime pas assumer ses choix fortement », déclare même Antonin André, l’un des deux coauteurs du livre : la fausse grâce de Jacqueline Sauvage en est d’ailleurs un parfait exemple.

Dans le récit de ce quinquennat, les Français ont l’impression qu’il n’y a pas tellement de ligne de crête, qu’il n’y a pas d’arêtes, qu’ils ne voient pas très bien le dessein général de ce quinquennat, poursuit Antonin André. Terrible constat.

Yves de Gaulle, le petit-fils du Général, dans son livre Un autre regard sur mon grand-père, Charles de Gaulle, évoque ce que doit être le rôle d’un chef, en se référant au Fil de l’épée : « Définir l’action à court terme à partir d’un objectif de long terme, puis insérer cet objectif de long terme dans une vision de l’Histoire. » Nous en sommes bien loin, avec François Hollande !

On prête à François Hollande beaucoup de rouerie. Alors quelle idée a-t-il eue derrière la tête en se livrant à cet exercice périlleux ? Car il ne pouvait ignorer que les meilleures pages, c’est-à-dire les plus cruelles à son égard, circuleraient très vite et que l’on ne retiendrait qu’elles, alors même qu’il envisage de se représenter en 2017.

Il est vrai que l’homme a souvent eu du bol. Nous non plus.

Georges Michel – Boulevard Voltaire

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