Le plaisir et ses petits tracas

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A 20mn, une scène hot avec Julie Gayet! Comme quoi il faut réfléchir avant d’agir… En 1997, celle qui devait devenir la fiancée de François Hollande avait tourné dans ce film de Nicolas Boukhrief (NDLR), une série d’historiettes un peu cruelles sur les aléas de l’amour sans amour, reliées entre elles façon marabout de ficelle : A fait la connaissance de B, B retrouve C, C rencontre D, etc. Fort bien, mais contrairement à Max Ophuls qui avait fondé La Ronde sur ce principe, Boukhrief n’étaie pas l’exercice par une mise en scène particulièrement virtuose qui permettrait de glisser gracieusement d’un personnage à un autre.

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Le réalisateur parle aussi de film techno, parce que, partant d’un canevas de base, il passe insensiblement d’une situation à une autre en suivant toujours le même thème. Mais il pourrait aussi bien dire “film boléro” (de Ravel), tant l’ensemble reste intemporel et abstrait, étranger à un style quelconque, soit-il musical. On a du mal à y voir autre chose qu’une série de sketches mis bout à bout, avec certes en commun la même doxa moralisatrice : le plaisir comme fin en soi ne peut aboutir qu’à la destruction et à la mort. Il est clair que Boukhrief préfère la frustration, y compris celle du spectateur qui reste sur sa faim car aucune situation n’est approfondie et parce que chaque personnage, victime de la loi draconienne du dispositif, est évacué manu militari quand on passe à l’histoire suivante. Parfois c’est presque dommage, comme avec l’histoire de Carlo (Michele Placido), le bourgeois d’âge mûr qui, pris par le démon de midi, tourne soudain pédé et finit rétamé sur un dance-floor. C’est peut-être le seul moment où il y a l’amorce d’un véritable drame, l’embryon d’une version moderne de L’Ange bleu. Le reste n’est que jonglerie maniérée avec des stéréotypes sociaux (le soldat, l’infirmière, la bourgeoise dépressive, etc.). Bref, peu de plaisir, beaucoup de tracas… et de morgue chez le réalisateur puriste, qui déclare : “Je me refuse à voler ne serait-ce qu’un plan, un raccord, un effet de caméra à des films existants…” Mais la scène où l’actrice porno euthanasie le gigolo Marcel devenu un légume après un accident, en l’étouffant avec un oreiller, ne ressemble-t-elle pas curieusement à une séquence de 37 °2 le matin de Beineix ?

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