Il s’appelle Jean-Luc Tangorre. Et il vient d’être mis en examen dans le Gard. Pour agression sexuelle sur mineur de 15 ans (une fillette de 12 ans). Pourquoi, me direz-vous, s’attarder sur ce « fait divers », hélas banal ? Parce que ce Luc Tangorre, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte (ce qui est mon cas), n’est pas un banal inconnu.
En 1983, il avait été condamné pour de nombreux viols et encore plus d’agressions sexuelles commis à Marseille. Il avait alors 26 ans. « Une erreur judiciaire ! », clameront les quelque 4 000 membres de son comité de soutien, qui réclamaient la révision du procès.
Refus de la Cour de cassation. Et déchaînement de l’intelligentsia d’ultra-gauche, qui fait donner les orgues de Staline. S’illustrent particulièrement l’avocat Jean-Denis Bredin, l’éditeur Jérome Lindon, la très nuisible (souvenons-nous de ses errances lors de l’affaire du petit Grégory) Marguerite Duras, etc.
Mais surtout l’historien boudarelesque Pierre Vidal-Naquet. A l’époque, il écrit dans Le Monde : « Il ne peut y avoir aucun doute (sic) pour un esprit sérieux (resic). Contre Luc Tangorre, il n’existe aucune preuve digne de ce nom. » Il ira même jusqu’à dire : « C’est une affaire Dreyfus au petit pied. » Au petit pied, certes, mais une affaire Dreyfus quand même. Pas moins…
Contre-enquête
On aura droit aussi à une « contre-enquête » d’une certaine Gisèle Tichané, chercheuse au CNRS et proche de la famille Tangorre, sous le titre : Coupable à tout prix.
Cette camarilla va faire le siège de François Mitterrand. De guerre lasse, ce dernier accorde une grâce partielle réduisant la peine de quatre ans. En 1988, Tangorre est libéré. Pour se refaire la cerise, il n’a que l’embarras du choix : on lui offre un ordinateur, une imprimante, et il reçoit des dizaines d’offres d’emploi.
Il n’a pas été libéré depuis trois mois que deux auto-stoppeuses américaines sont violées dans le Gard. Elles identifient formellement Tangorre sur une des photos. Mais elles décrivent aussi sa voiture (empruntée à ses parents), une 4L vert pomme, et un livre aperçu dans le véhicule. Un livre dont le titre comporte, comme celui de la chercheuse du CNRS, le mot coupable.
En 1992, Tangorre est logiquement condamné à dix-huit ans de prison ferme. Dans Le Monde, l’historien marxiste Vidal-Naquet y va de son mea culpa : « Je ne puis qu’exprimer mes regrets, tant à l’égard des victimes anciennes qu’à celui des victimes nouvelles puisque, sans mon action et celle de tant de Français qui m’ont accompagné, ces derniers viols n’auraient pas eu lieu. » Un peu court, vieux bolcho…
Condamné à dix-huit ans ferme, Tangorre n’en fera que huit. En 2000, il est remis dans le circuit. Jusqu’à ce dimanche 10 août, où il est interpellé pour s’être livré à des attouchements sexuels sur une gamine sur une aire de jeux.
Violeur condamné, récidiviste, chouchou naguère de l’ultra-gauche, Tangorre va retrouver la prison. S’il est condamné, pas sûr qu’il échappera cette fois-ci à des codétenus qui n’auront pas, eux, la moindre indulgence pour un « pointeur » (présumé, comme il convient de dire).
Lu dans présent
