“Quand la table touche au politique, soyez certain d’une chose : Alain Ducasse n’est pas loin.”

Tout chez lui est politique, avec ce qu’il y a de mieux et de pire. Le Monégasque est ainsi, il aime le pouvoir et sent les tendances. Mieux, il les incarne. Avec son dernier livre, il l’affirme : « Manger est un acte citoyen » et moi, Alain Ducasse, « j’en appelle à une Déclaration universelle de la gastronomie humaniste. » N’en doutons pas, en 1789, Ducasse aurait fait la révolution le légume en baïonnette ; en 2017, il baise la main des puissants. Avant-hier Fabius au Quai d’Orsay, hier Poutine à Versailles, aujourd’hui Trump à Paris (et Albert de Monaco depuis plus de 30 ans). Merci Macron et merci Audrey Bourolleau, conseillère du président et femme de Xavier Alberti, directeur général de Châteaux Hôtels Collection. Placer ses hommes (et ses femmes) est l’une de ses spécialités, Alain Ducasse ne s’en cache pas. La grande popote est politique.

En parlant de popote, Alain Ducasse reçoit donc jeudi 13 juillet Donald Trump et Emmanuel Macron au Jules Verne, restaurant emblématique de la Dame de Fer. Située à 125 mètres du sol, la table se distingue par « une cuisine moderne et créative d’une grande finesse, au sommet du patrimoine français », estime le guide Michelin qui la couronne d’une étoile. Pour Gault & Millau (trois toques et une note de 15/20), le Jules Verne « est plus qu’un repas au restaurant : c’est un moment qu’il faut avoir préparé longtemps en amont, pour des plaisirs en altitude au coût élevé mais la magie est sans doute à ce prix. » Par-delà les salamalecs des guides, la réalité est plus contrastée : tout le Paris gastronomique s’accorde à dire que l’assiette ne tient pas la route et que la qualité n’est absolument pas au rendez-vous. Mais qu’importe, il y a la vue. Et s’envoyer en l’air a son prix : le soir, il faut débourser 190 euros par personne pour une expérience composée de cinq plats. 230 euros pour 6 plats : dorade marinée, courgette et citron vert, pomme de terre de Noirmoutier, crème fumée, caviar gold, petits artichauts poivrade, homard bleu au four, tomate et olives noires, volaille fermière dorée, pois chiches torréfiés et oseille.

Dans quelques mois, la concession du Jules Verne sera remise en jeu. Sur la ligne de départ, il y a déjà la guerre. Plusieurs chefs, dont Ducasse, se sont positionnés pour conquérir la table de la Dame de fer. Bien au-delà du symbole, il y a l’économique : le Jules Verne est une cash machine de premier ordre. Alain Ducasse pourra, demain, lorsqu’il présentera son futur projet pour le Jules Verne auprès de la commission, argumenter de sa capacité à faire venir les puissants à sa table, et valoriser l’image de Paris comme personne. Quand la table touche au politique, soyez certain d’une chose : Alain Ducasse n’est pas loin. Et il n’a pas envie que ça change.
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