En période estivale, et pendant les vacances en général, il est désormais habituel de voir rediffusés à la télévision des films historiques, de l’ancienne France. Les de Funès, Audiard, Gabin, Ventura, Blier, Lefebvre, Bourvil, Belmondo, Depardieu ou Richard sont de sortie.
Il est en effet utile, lorsque le Français est relâché, reposé, insouciant, que ce dernier puisse encore croire en l’existence de cette France-là. Ce dernier doit devenir conservateur, par nostalgie. Et c’est d’ailleurs le réflexe qu’il aura en regardant ces chefs-d’œuvre : il ne veut pas abandonner cette culture française.
Sauf que, dans la réalité, cette France n’existe plus. Au mieux, elle s’est endormie, et pour un moment. Et il n’y a absolument rien à conserver de la France d’aujourd’hui, qui tend pourtant à faire croire qu’elle est restée identique à celle d’il y a un siècle ou un demi-siècle, ou qu’elle aurait simplement évolué. Il n’y a pas eu d’évolution, il y a eu un assassinat. D’où ce besoin, entre une série médiocre bourrée de messages subliminaux destinée à occuper l’esprit de la ménagère et un immonde film moralisateur des temps modernes, d’intercaler un vrai film. Pour faire croire en l’existence d’un lien, d’une continuité.
Montrer ces films au grand public a pour unique objectif de le rassurer, de lui faire croire que cette France vit encore, et que le futur proposera autre chose à nos enfants que la télé-réalité ou des navets mettant en scène des humoristes-chanteurs-acteurs cosmopolites nous faisant la leçon.
Un peu comme on fait croire au touriste japonais que l’âme créatrice européenne est encore vivante aujourd’hui, comme si les « constructions » actuelles avaient une chance de rester dans l’Histoire.
Seulement, tant que le Français croira vraiment qu’il est encore possible de retrouver cette France, il n’aura par définition aucune envie de « révolution », de tourner la page. Il restera conservateur, « droitard », et sera donc l’idiot utile d’une lente agonie. Voir Les Tontons flingueurs, Le Tatoué ou La Traversée de Paris fera l’effet d’une grande respiration retardant l’inévitable noyade dans l’océan de médiocrité que l’on nous propose désormais.
Il faut, au contraire, atteindre le fond pour pouvoir repartir, et ce, le plus rapidement possible. La prise de conscience de masse ne se fera que par l’overdose.
Il est nécessaire, lorsque l’on souhaite une révolution, l’émergence d’un nouvel ordre, d’avoir à l’esprit qu’il n’y a rien à conserver. Allons donc jusqu’au bout du processus, et voyons la France telle qu’elle est aujourd’hui. Puisque le Français ne réagit que lorsqu’il a la tête sous l’eau…
Montrons donc la culture française, et plus précisément sa cinématographie actuelle, outil majeur de la tyrannie médiatique, telle qu’elle est : laide.