La performance électorale du FN à l’épreuve des chiffres…

♦ L’élection de 6 députés FN et de 2 députés apparentés FN permet au parti de sauver les meubles au terme d’une séquence électorale bien décevante. Avant que la communication officielle ne prenne le dessus et que la mise en évidence et en valeur – légitime – des nouveaux héros de cette élection ne prenne le dessus sur la réflexion, nous présentons à nos lecteurs une analyse très fouillée des résultats du premier tour de ces élections législatives, ainsi qu’une mise en perspective sur les résultats des échéances précédentes.


C’est une affaire entendue. L’abstention massive est responsable de la déroute électorale du FN. Comme elle est responsable de celle des autres. D’ailleurs, dès le soir du premier tour, Marine Le Pen déclarait : « Nous n’avons rien à nous reprocher, nous avons fait une belle campagne ». Florian Philippot théorisait la même chose en réponse à ceux qui parlaient de changement de ligne : « Le FN explose ses scores comme jamais. »

Les résultats

Et puis, il y avait les résultats. Le score impressionnant de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (46% !). La victoire en tête du 1er tour de Florian Philippot à Forbach, alors que son principal contradicteur, Nicolas Bay, était éliminé dès le 1er tour à Dieppe.

L’affaire semblait être entendue. On pouvait à nouveau entendre les clameurs habituelles de tous ceux qui poussent les hauts cris dès lors qu’on critique la ligne Marine/Philippot : « Cette critique est stupide ; cette ligne n’a cessé de faire gagner le FN depuis 15 ans. »

Peu avant l’élection et alors que les médias bruissaient des sorties de Gilbert Collard, Louis Aliot ou Jean-Richard Sulzer, furieux de l’annonce de la création de son association par Florian Philippot, Marine Le Pen dénonçait ceux qui critiquaient ainsi la ligne Philippot en disant : « S’ils sont meilleurs que moi, on verra bien quel score ils feront aux législatives ! » Pari gagné puisque personne n’a fait mieux que 46% au premier tour.

Mais comment, après tout, calculer la performance de partis et de candidats dans un contexte d’une aussi forte abstention ?

Pour Polémia, je me suis livré à quelques calculs simples qui éclairent un peu différemment la situation. Je n’ai pas cherché à faire des comparatifs entre la présidentielle et les législatives car ce ne serait pas honnête. Pour de nombreuses raisons, on sait qu’il y a toujours un reflux important entre score présidentiel et score aux législatives.

Comparons ce qui est comparable à savoir :

  • les différents scrutins législatifs depuis 20 ans, au global ;
  • les variations entre scrutin de 2012 et scrutin de 2017, sur un plan géographique ou suivant les personnalités.

Ci-dessous le tableau présentant les résultats en voix rapportés aux inscrits.

Signalons que nous avons ajouté, pour les totaux 2002 et 2007, les voix MNR aux voix FN (elles pèsent pour moins de 10% du total).

 
1997
2002
2007
2012
2017
INSCRITS
39 217 241
40 968 484
43 888 779
46 082 104
47 571 350
VOIX ACQUISES
3 785 383
3 139 336
1 218 260
3 532 442
2 954 279
EN % DES INSCRITS
9,65
7,66
2,78
7,67
6,21

En dynamique sur la période on constate que :

  • Le score de 2017 est le 4e plus mauvais score en 20 ans. Le précédent échec cuisant était celui de 2007 lorsque la campagne législative avait suivi la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy, alors en pleine Buisson-mania tandis que le candidat Le Pen s’effondrait à 10,44%, tiré par le bas par un discours nouveau (la dalle d’Argenteuil) prôné par son directeur de campagne nommé… Marine Le Pen.
  • En 20 ans, le FN perd 22% de ses voix, alors que le corps électoral dans son entier s’accroît lui-même de 21% ! La croissance du score FN ne suit même pas l’accroissement démographique électoral ; il manque plus d’1,6 million d’électeurs FN pour que ce dernier soit l’équivalent, en proportion des inscrits, du score de 1997.
  • Personne ne peut décemment démontrer que la ligne Marine/Philippot fait gagner le FN. Il ne s’agit pas de conjecture politique ; mais de chiffres nets.

L’accroissement

Arrêtons-nous un instant sur l’accroissement du corps électoral.

Ce dernier s’accroît, inévitablement, par l’arrivée des populations nouvellement majeures. Les sondages donnent cette population acquise au FN à hauteur de 35 à 40% suivant les élections. Si c’était vrai (ce dont je ne doute pas) et que cela durait dans le temps, nous aurions alors une progression naturelle du vote FN qui serait considérable. On peut ainsi se demander, très légitimement, si les jeunes qui votent FN ne changent pas de pratique politique dès qu’ils ont vieilli, ce qui correspond globalement à la vie active, professionnelle et familiale. J’engage ainsi le FN à se féliciter un peu moins d’être le premier parti chez les jeunes, puisque cette victoire fugace, à l’évidence, ne dure pas bien longtemps.

Je n’oublie pas non plus que l’accroissement du corps électoral résulte de campagnes massives pour faire s’inscrire des populations nouvellement françaises et dont l’électorat captif pourrait favoriser la gauche. Ces électeurs issus de l’immigration s’abstiennent fortement (cf. carte de l’abstention par départements et dans les circonscriptions des banlieues) mais ont déjà fait la preuve de leur force (présidentielle 2012 Hollande/Sarkozy) et pourraient demain se coaguler sur des candidats communautaires crédibles, comme en Wallonie ou en Grande-Bretagne.

Admettons que la comparaison avec 1997 soit trop sévère ou n’ait pas de sens car trop lointaine. L’exemple du crash de 2007 aurait pu servir. Une campagne à gauche avec des gadgets de multiculturalisme (rappelons-nous les pitreries officielles et encouragées par Le Pen père et fille de Farid Smahi), face à un candidat qui fait croire, comme jamais, à un discours de droite, et c’est l’effondrement. La leçon n’a pas été retenue par les dirigeants du FN, qui se sont auto-persuadés qu’ils avaient remplacé cet électorat historiquement de droite par un électorat populaire de substitution, forcément de gauche, et qui ne tomberait pas dans les mêmes pièges.

La comparaison avec 2012 n’est pas non plus flatteuse. La décrue en voix est sensible (-15,23%). Il faudra tout le génie de Florian Philippot pour nous décrire en succès une opération qui voit le parti perdre un électeur sur 7 après un quinquennat parsemé de 5 attentats terroristes majeurs ayant occasionné plus de 250 morts, l’irruption du cauchemar des clandestins à l’assaut de l’Europe depuis Calais ou la Méditerranée, puis répartis de force dans les campagnes par les préfets, ou enfin la sortie de centaines de milliers de Français dans la rue sur un combat de civilisation majeur qui a fait renaître une partie de la jeune droite. Les candidats FN de 1997 n’ont pas eu la chance, si l’on peut dire, d’un tel cocktail d’événements potentiellement déclencheurs de vote FN ! Il faut donc également apprécier l’échec électoral à l’aune des potentialités qu’il a gâchées.

La décrue – Analysons plus finement désormais les résultats 2017 du 1er tour par circonscription et en comparaison avec 2012.

Comme nous l’avons dit, la décrue moyenne est, en voix, de 15,23%.

Si l’on excepte les DOM et les circonscriptions des Français de l’étranger, pour lesquels l’état des candidatures en 2012 ne permet pas de faire partout des statistiques qui ont du sens, et que l’on se cantonne aux circonscriptions de France métropolitaine, Corse incluse, on observe que les dynamiques sont très contrastées :

  • 91 circonscriptions égalent ou améliorent leur score, en voix, de 2012 ;
  • 35 circonscriptions montrent une déperdition de plus de 40% du nombre de voix acquises en 2012.

Ces dynamiques ne sont pas visibles au premier coup d’œil, à la fois du fait de l’abstention, mais aussi du fait du score, en pourcentage des exprimés, réalisé par le candidat.

Prenons un exemple amusant qui oppose Florian Philippot, en tête du 1er tour sur la 6e circonscription de la Moselle avec 23,79%, à Nicolas Bay, battu dès le 1er tour dans la 6e circonscription de Seine-Maritime avec 22,78%.

En dynamique on s’aperçoit que, par rapport à 2012, le candidat Philippot a perdu 2.831 voix, soit près de 32% de ses électeurs. On pourrait même être plus cruel et rappeler qu’en 2012 il y avait un candidat dissident FN et que, si l’on devait faire le ratio en intégrant la totalité du potentiel électoral FN de 2012, alors la perte serait de 40,77%. Bay, de son côté, gagne plus de 3.200 électeurs et augmente son score de plus de 34%, signant au passage une des 5 meilleures progressions parmi l’ensemble des candidats (c’est toujours bien, un secrétaire général qui montre l’exemple…).

On pourrait multiplier ce type de comparaison. Prenons le cas du Pas-de-Calais et de 12 circonscriptions. En pourcentage des suffrages exprimés, les scores sont impressionnants, tirés par le « carton » de Marine Le Pen. En nombre de voix sur 5 ans, c’est un peu comme dans l’Evangile : les premiers seront les derniers. Car la circonscription de la candidate Marine Le Pen est l’une des deux où le FN perd des voix depuis 2012, et c’est même la plus mauvaise des deux avec une perte de plus de 10%, heureusement – et pour l’honneur – en deçà de la moyenne du parti à -15,23%.

De fait, regarder les résultats du FN avec ce type de lunettes permet un regard plus équilibré sur les performances des uns et des autres. Les grandes figures des Patriotes, qui prétendent avoir trouvé la martingale électorale pour sauver la France, ne sortent pas épargnées de ce calcul. Marie-Amélie Dutheil de La Rochère perd 38,71%, signant avec Philippot les deux plus mauvais scores des 9 circonscriptions de ce département. Kévin Pfeiffer, porte-flingue twitter de Philippot, perd 28%. Sophie Montel 23%, Wallerand de Saint-Just 39%, le calamiteux Franck de Lapersonne 24% et Jean-Lin Lacapelle, parachuté dans l’emblématique circonscription de Vitrolles-Marignane, 34%.

Plus sérieuse et plus préoccupante encore que l’analyse sur les personnalités est l’analyse géographique de ces votes.

La répartition des 91 circonscriptions qui ont vu le FN progresser en voix depuis 2012 montre le quinté gagnant suivant :

  • Normandie avec 57% de ses circonscriptions en progression depuis 2012 ;
  • Hauts-de-France avec 46% ;
  • Nouvelle-Aquitaine avec 35% ;
  • Bretagne avec 22% ;
  • Pays-de-la-Loire avec 20%.

Cette disparité régionale très forte, qui voit en gros 20% des circonscriptions progresser, permet de s’interroger sur les motivations du vote. Si les motivations du nouveau vote FN étaient dues au discours social et souverainiste de la ligne Philippot, l’impact sur l’électorat serait naturellement général et globalement harmonieusement réparti d’un bout à l’autre du territoire. Or, ce n’est pas du tout le cas. Du coup il convient de s’interroger sur ce qui provoque les disparités. Et c’est ainsi que l’on constate que la carte du nouveau vote FN recoupe celle des territoires qui, plus récemment et notamment via la crise des « réfugiés », sont touchés par les affres de l’immigration et de l’insécurité et prennent conscience des nécessités de se battre pour préserver leur identité et de l’injustice à être réduits à ces territoires oubliés qu’ont parfaitement décrits les essayistes.

Il y a clairement des dynamiques électorales dans ces régions : la Normandie de Nicolas Bay, qui place 3 candidats dans le « top 15 » des plus belles progressions, la Bretagne de Gilles Pennelle ou les Pays-de-Loire de Pascal Gannat, par exemple.

Ce qui est préoccupant est surtout les reculs importants dans les territoires historiques. Dans les Hauts-de-France par exemple, la Picardie de Michel Guiniot, région de scores historiques (rappelons l’élection de Pierre Descaves comme conseiller général en 1998 au scrutin majoritaire) voit ses 7 circonscriptions en recul. Plus grave, la situation est catastrophique en Ile-de-France (0 circonscription sur 97 en progrès sur 2012), PACA (1 sur 42, dans les Hautes-Alpes) ou Auvergne-Rhône-Alpes (2 sur 64).

De nombreux départements autrefois en pointe du dynamisme électoral FN souffrent des reculs supérieurs à 30%. C’est le cas des deux départements alsaciens qui perdent respectivement 32% de leur potentiel 2012 pour le Haut-Rhin, 39% pour son voisin du Bas-Rhin. La Moselle perd 27%.

La région Lyonnaise et la périphérie ouvrière de l’ex-Région Rhône-Alpes (Loire, Savoie) est aussi sévèrement touchée, avec des pertes de 35% pour le Rhône, 31% pour la Loire, 34% pour les deux Savoie réunies.

La catastrophe est également perceptible en Provence, même si la situation est moins visible du fait du grand nombre de second tour avec espérance de gain. Mas la réalité reste dure à constater, avec des pertes de 27% dans le Vaucluse, 25% dans les Bouches du Rhône ou encore 18% dans les Alpes-Maritimes. On pourrait multiplier les chiffres similaires dans le Gard, ce qui pénalise Gilbert Collard, dans l’Hérault ou les Pyrénées Orientales, où la décrue est similaire, à l’exception de la superbe performance d’Emmanuelle Ménard à Béziers (+33%) et de la belle progression de Louis Aliot à Perpignan (+14%).

Le cas de l’Ile-de-France est sans doute le plus tragique puisqu’il cumule tous les facteurs aggravants : le départ des populations de souche des zones les plus sinistrées par l’immigration – ce qui explique notamment les reculs en Seine-Saint-Denis (-3% pour un score moyen de 8,8%) ou Val-de-Marne (36%) ; la désaffection d’un électorat de droite bourgeoise aisée repoussée par le discours gauchiste du parti sur l’économie et l’ambivalence sur les valeurs (d’où les reculs dans Paris (-41%, avec un score moyen de 3,35% et aucun résultat supérieur à 5%…), les Yvelines (-33%) ou les Hauts-de-Seine (-36%) et enfin le constat d’une région politiquement à l’abandon avec un très mauvais chef de file, ce qui avait déjà été constaté lors des élections régionales, une quasi-absence de mobilisation militante et de campagne électorale visible, et surtout les délires d’un discours de type « banlieues patriotes » qui n’a évidemment pas porté ses fruits, c’est le moins que l’on puisse dire.

Les scores en Ile-de-France, et surtout à Paris, sont particulièrement préoccupants. Sans excuser la sociologie électorale du bourgeois parisien assez justement étrillé par un Henri Guaino dont on peut saluer la salutaire, bien que fort tardive lucidité, on notera quand même que ces résultats témoignent, certes, de la version la plus aboutie du populisme, mais ne laissent pas d’inquiéter pour la suite. Gérer un pays comme la France suppose de recueillir un minimum de soutien et d’adhésion de la part de ses élites économiques, intellectuelles, administratives, lesquelles sont concentrées en région parisienne ou dans les grands centres urbains, qui témoignent de la même désaffection pour le vote frontiste.

Cette désaffection des élites ou des populations à haut potentiel se lit aussi cruellement dans les résultats des Français de l’étranger. Certes, ceux-ci n’ont jamais constitué une cible électorale de choix et on ne peut le reprocher au FN qui a d’autres priorités électorales. A tel point que l’équipe présidentielle de David Rachline a tout de même été la seule, parmi tous les autres candidats, y compris les plus artisanaux, à ne pas pouvoir livrer le matériel de vote adéquat dans les consulats français à l’étranger, donnant une preuve supplémentaire de son célèbre professionnalisme…

Le résultat moyen dans les 11 circonscriptions des Français de l’étranger est de 3,02%.

Or, ce qui caractérise le Français de l’étranger, c’est à la fois une forte capacité de création de richesses, d’entrepreneuriat et de talent, ainsi qu’un patriotisme sans faille, l’éloignement de la mère patrie cultivant comme chacun sait ce sentiment d’affection… patriote qui, visiblement, ne recoupe pas la même acception qu’en donnent le FN et son programme.

Conclusion – A ce stade nous pouvons déduire de cette analyse les points suivants :

  • La ligne politique suivie par le FN depuis 10-15 ans, bien que fortement revendiquée comme faisant progresser le FN, a plutôt produit l’effet inverse. On ne peut pas dire, aujourd’hui, que le bilan du binôme Marine/Philippot se traduise par du succès électoral.
  • Il existe d’énormes disparités à l’intérieur d’un même scrutin pour 577 candidats. L’écart de performance est très important entre la meilleure progression (+44,11%) et la pire décrue (-57,48%). L’effet d’entraînement des personnalités n’est pas neutre, ni dans leur propre circonscription, ni dans leurs régions d’influence.
  • L’évolution de la part de marché électorale du FN sur 20 ans est très inquiétante car elle démontre un véritable « Grand Remplacement » des électeurs historiques. Il ne s’agit pas, comme on voudrait nous le faire croire, du remplacement des électeurs initialement motivés par la lutte contre l’immigration par d’autres, motivés par le discours social et souverainiste. Car si c’était le cas les bastions électoraux populaires des années 1990 auraient survécu, alors qu’ils se sont effondrés. Le remplacement est en fait un glissement. L’électeur d’il y a 5 ou 10 ans a disparu ; il est partiellement remplacé par celui qui, protégé hier, est touché à son tour par les ravages de l’immigration et de l’insécurité. Mais rien ne dit que sa fidélité à l’étiquette FN soit plus pérenne que celle de son devancier des autres régions.
  • Ce glissement de l’électorat est confirmé par l’analyse du corps électoral dans son entier et du vote des primo-votants qui, à l’évidence, n’inscrivent pas dans la durée leur vote FN et le désertent assez rapidement.

La comparaison sur 20 ans – l’espace d’une génération – est cruelle pour le Front national. En 20 ans, la France n’a connu aucun reflux, aucun répit en termes d’immigration massive, de pertes de repères et d’identité, de saccage culturel et civilisationnel, d’ensauvagement de toutes ses structures, depuis les centres villes jusqu’aux classes scolaires. Avec en prime une succession de présidents plus médiocres les uns que les autres, de Chirac en Sarkozy et de Sarkozy en Hollande.

En 20 ans de pouvoir sans limites et absolu sur le FN, Jean-Marie Le Pen puis sa fille Marine ont imposé leur marque politique, leur marque de dirigeants, leur ligne politique.

Pour quel résultat opérationnel, concret pour la vie des Français ? Aucun.

Contrairement aux acquis obtenus par des partis (souvent électoralement moins puissants) au Danemark, en Italie, en Autriche ou encore en Suisse, le FN n’a pu apporter aucune victoire significative et reste un parti à la marge, ne suscitant aucune adhésion de ralliement et, on le voit, une adhésion provisoire de la part de centaines de milliers d’électeurs qui votent, puis se retirent du jeu. Ce qui livre aujourd’hui un FN qui n’a toujours pas retrouvé sa force et sa dynamique de 1997 (législatives) – 1998 (régionales), alors que les circonstances externes n’ont jamais été aussi favorables.

Hors de tout débat de fond politique, les chiffres montrent que la ligne stratégique actuellement conduite ne permettra pas au FN de retrouver l’attractivité électorale dont il a besoin pour gagner. Il faut d’urgence travailler à un discours politique capable de :

  • Fidéliser l’électeur qui vient de se déterminer pour des raisons d’identité et de sécurité (électeur des nouveaux territoires, confirmé par les sondages réalisés sur les motivations de vote de l’électeur FN) ;
  • Récupérer l’électeur déçu, qui ne vote plus FN puisqu’il ne le considère à l’évidence comme pas capable d’apporter les solutions à son inquiétude première ; voire nettement en opposition à tout ou partie de ses convictions politiques ;
  • Engager une dynamique de reconquête auprès des populations csp+, dont on pensera moralement ce que l’on veut, mais sans un minimum d’adhésion et de soutien desquelles il est illusoire de vouloir gouverner notre pays.

Les chiffres ne mentent pas ; les conclusions sont évidentes pour qui veut bien les lire. Après le temps de la lucidité doit venir celui du courage des remises en cause, de l’audace stratégique et, enfin, du travail. Vaste programme pour un congrès !

Philippe Christèle – Polémia

Les intertitres sont de la rédaction

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