“On trouve tout à la Samaritaine”!

La Samaritaine était le grand magasin parisien le plus important en surface de vente avec ses 48 000 m2, devançant de peu les Galeries Lafayette et Le Printemps. Son slogan publicitaire, appuyé d’une importante campagne publicitaire dans les années 1960, est resté dans la mémoire collective des Parisiens : « On trouve tout à la Samaritaine ».

La Samaritaine des débuts ne raconte évidemment pas que l’histoire architecturale de la capitale. Ouverte plus de quinze ans après le Bon Marché des Boucicaut, et les Grands magasins du Louvre mais avant les Galeries Lafayette, cette immense boutique invente et adapte des techniques commerciales nouvelles. Marchandage banni, organisation des lieux en rayons, possibilité de manipuler les articles puis crédit à la consommation et même vente à distance… Ces méthodes et systèmes de distribution aujourd’hui naturelles pour les consommateurs y ont fait leurs premières armes. Plus encore, l’idée majeure consiste à réduire les marges afin d’attirer de très nombreux clients et de réaliser ainsi d’importants volumes d’affaires.

Et la formule “prend”. Les recettes passent de 840.000 francs en 1874 à 1,9 million en 1877 puis 6 millions en 1882, 17 millions en 1888, 25 millions en 1890 et 40 millions en 1895. En 1925, elles dépassent le milliard de francs. Il faudrait certes prendre en compte l’inflation pour obtenir une évaluation plus précise, mais ces données provenant de plusieurs sources dont cette thèse, donne une idée du rythme de croissance.
Après la disparition des époux Cognacq-Jay, qui créent une fondation caritative à leur nom, leur petit-neveux Gabriel prend les commandes de la Samaritaine, suivi de la famille Renand après la seconde Guerre mondiale. La formule “on trouve tout à la Samaritaine” sacre de nouvelles années fastes.

Le déplacement des Halles à Rungis lui aurait porté un coup en réduisant fortement l’activité au centre de Paris pendant un temps.

Le chiffre d’affaires de la Samaritaine décline de 6% entre 1990 et 1999 pour atteindre 300 millions de francs en 2000, alors que les autres grands magasins parisien au contraire voient leur chiffre d’affaires progresser de 9% au cours de cette période, note l’Atelier parisien d’urbanisme dans une enquête datant de 2007. Un tiers des effectifs sont réduits. Le magasin 3 est loué à Etam en 1998.
En 2001, LVMH déjà propriétaire du Bon Marché, investit 230 millions d’euros et en acquiert la majorité. Deux autres magasins sont loués à Kenzo et Séphora ainsi qu’à Zara. En juin 2005, la direction décide de fermer les lieux suite à un avis préfectoral pointant du doigt la vétusté des lieux et des risques en cas d’incendie.

Au moment de la fermeture, plus de 1400 personnes travaillent à la Samaritaine. Entre 10.000 à 20.000 clients viennent tous les jours, un peu plus de la moitié sont des Parisiens. La part des touristes (12%) est moins élevée que dans les autres grands magasins, toujours d’après l’Apur qui note: “il s’agissait d’une clientèle moins aisée que celle des autres grands magasins.”

Quelques années plus tard, LVMH relance la machine en présentant son projet évalué à 460 millions d’euros. Au programme: 26.400 m2 de commerces, des bureaux, une centaine de logements sociaux, une crèche et un hôtel de luxe Cheval Blanc, côté Seine.

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