C’est un peu la caverne d’Ali Baba au centre de la capitale que le Crédit municipal de Paris. Cet établissement ne vous dit rien? Il y a pourtant de fortes chances que vous le connaissiez. C’est le nom officiel du Mont-de-Piété parisien, également surnommé “Ma tante”, célèbre pour son activité de prêt sur gage.
Derrière les portes de cette grande bâtisse sise en plein cœur du Marais, les visiteurs peuvent découvrir son architecture, son histoire et ses nombreuses activités. Mais il y a un lieu dont le mystère restera entier. Pour des raisons de sécurité, les entrepôts, appelés “magasins”, où sont stockés les objets laissés en gage, ne sont pas accessibles. Exceptionnellement, le HuffPost a tout même pu y glisser sa caméra pour vous raconter ce qu’il y a derrière les murs.
C’est Jean-Pierre Esteveny, directeur du prêt sur gage, des magasins et de l’hôtel des ventes, ainsi qu’un magasinier qui nous servent de guides dans ce dédale d’objets répartis sur plusieurs étages. En dehors des bijoux, qui représentent 80 à 85% des objets stockés, on trouve toutes sortes de trésor: des sculptures, des vases, des meubles, des instruments de musique en tout genre etc. Il y a même une pièce dédiée aux manteaux de fourrures. Dans ce fatras en réalité très organisé, les objets les moins chers sont estimés à 30 euros, le minimum pour être pris en gage. Quant aux plus précieux, comme les tableaux, leur valeur peut parfois monter jusqu’à des nombre à six chiffres.
Evidemment, le Crédit municipal garantit à ses clients l’anonymat. Impossible de savoir qui a laissé en gage tel ou tel objet. D’autant qu’il arrive que des personnalités ont recours au prêt sur gage. Certaines archives, désormais accessibles, lèvent toutefois le voile sur quelques noms célèbres qui ont été clients du Mont-de-Piété. Dans le registre des engagements secrets, sorte de registre pour les VIP, plusieurs noms connus apparaissent, comme celui de la Comtesse de Castiglione, la maîtresse de Napoléon III.
Régulièrement, le Crédit municipal essaye d’élargir le type d’objets qu’il accepte en gage. Depuis 2008, il est ainsi possible de confier à l’établissement les bouteilles de vin. Evidemment, la cave ne se compose que de crus d’une certaine valeur, dont la bouteille est expertisée par des spécialistes. Plus récemment, ce sont les vélos – pas de collection mais récents – qui ont eu le droit d’accès au Mont-de-Piété.
A l’inverse, certains objets ne sont plus pris en gage, alors qu’ils l’étaient précédemment. Il n’y a ainsi plus aucun matelas dans les rayons du Mont-de-Piété. Cela peut nous paraître incongru aujourd’hui mais il était courant de déposer des matelas en gage au XIXe siècle. Il y en a eu jusqu’à près de 15.000 stockés au Mont-de-Piété sous le Second Empire. Avant d’être rangés, ces matelas étaient lavés et désinfectés grâce à une étuveuse, qui pour la première fois cette année, peut être vue par le public.