Le 21 juin, le Pape François se rendra à Turin pour y vénérer le Saint Suaire. Bien que l’Église ne se soit pas officiellement prononcée sur l’authenticité de ce linge, il reste un signe de la Passion du Christ. Le Saint Suaire demeure aussi l’un des objets archéologiques les plus étudiés à ce jour et sujet à nombre de controverses scientifiques. Explication du président du Centre international d’études sur le Linceul de Turin (CIELT).
Le Pape se rend à Turin le 21 juin pour y vénérer le Saint Suaire : quels sont le sens et la portée de cet acte ?
Il ne revient qu’au Pape lui-même de préciser le sens de son déplacement à Turin le 21 juin. Quant à la portée de ce geste, elle dépendra en grande partie de ce que dira le Saint-Père à propos du Linceul et de ce qu’il fera en présence de la relique. On sait que cette ostension, organisée à l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de saint Jean Bosco, a été placée par le Pape sous le thème « L’amour est le plus grand ». Son voyage à Turin aurait un impact maximal si le propriétaire du Saint Suaire affirmait et montrait que l’Église va au bout des conclusions des travaux scientifiques accomplis depuis un siècle.
Le Saint Suaire continue-t-il d’être un objet d’étude pour les experts ? La science et les recherches sur le sujet ont-elles avancé ces dernières années ?
Un colloque scientifique s’est tenu à Turin le 2 mai dernier pour présenter les derniers résultats des travaux sur le Linceul. Ces travaux multidisciplinaires ont conduit à la création d’une nouvelle discipline scientifique, la sindonologie, qui dispose même d’une formation diplômante au sein d’une université romaine. Actuellement, des laboratoires travaillent sur l’image du Corps et la palynologie (étude des grains de pollen) appliquée au Saint Suaire va connaître un nouveau démarrage : les travaux historiques n’ont jamais cessé. Les résultats de la datation de 1988 au carbone 14, test dont le protocole n’avait pas été respecté, comme l’ont reconnu ses auteurs eux-mêmes, ne pouvaient réduire à néant tant d’autres résultats sérieux. Le Centre international d’études sur le Linceul de Turin (CIELT) est un acteur de cette prise de conscience. Le culte comme la recherche voués au Saint Suaire n’ont jamais été si forts.
Le Saint Suaire a-t-il encore des choses à nous apprendre sur la Passion du Christ ?
S’il y a encore beaucoup de choses que nous aimerions connaître sur la Passion du Christ, est-ce le Saint Suaire qui nous les livrera ? Les études ne visent pas à prouver tel point recherché a priori, mais elles s’efforcent de cerner les caractéristiques de ce linge et des marques qu’il porte sur lui. Nous devons nous laisser informer par le Saint Suaire, comme par un nouveau chapitre de la Révélation. La sindonologie est une discipline unique en son genre, elle est construite et guidée par son objet lui-même. Mais le Saint Suaire est un fulgurant témoin de la Passion, cela est sûr.
Beaucoup mettent en doute la validité du Saint Suaire, sur quoi se fondent leurs objections ?
Le Saint Suaire est-il bien le linge qui a enveloppé, après sa mort, le corps de ce personnage historique dont nous parle le Nouveau Testament, Jésus de Nazareth ? Comme le CIELT le rappelle depuis sa fondation en 1989, aucun objet archéologique n’a été autant étudié à ce jour. Or, malgré le faisceau des arguments convergents en faveur de son authenticité, de nombreux esprits le tiennent pour un faux du Moyen Âge. Si ce linceul avait été celui de Néfertiti ou de Toutânkhamon, son authenticité ne ferait de doute pour personne. Les objections se fondent sur la datation de 1988 (non concluante), sur la prétendue possibilité de fabrication humaine des marques présentes sur le linge (mais toutes les tentatives de reproduction ont échoué) et sur l’absence de documentation à certaines époques de l’histoire du Saint Suaire (mais il y a plus de documentation qu’on ne le dit habituellement).
Pour en savoir plus : Revue Internationale du Linceul de Turin, CIELT, 2, rue de Noailles, 78000 Versailles.
Lu sur L’homme nouveau