Loin de la foule déchaînée est fondamentalement un drame romantique, traitant d’amours contrariées. Entre hommes et femmes uniquement, faut-il le préciser de nos jours. Les spectateurs savent si leur sensibilité les porte à apprécier ou non ce type d’intrigue. Loin de la foule déchaînée est l’adaptation d’un roman victorien anglais célèbre. Cette adaptation a imposé des coupes drastiques, chose inévitable. Pourtant, la substance de l’intrigue se retrouve. Le rythme lui-même est bon, la durée de deux heures compatible avec une action relativement dense, qui respire de temps à autres par la contemplation de magnifiques paysages de la campagne anglaise. On ne partira donc pas dans les faux-procès courants de trahison des Lettres ou de condamnations faciles au nom des versions antérieures.
Une belle jeune femme, Bathseba Everdeen, interprétée par la séduisante Carey Mulligan, bien éduquée, pauvre mais susceptible de recevoir un bel héritage, reçoit trois demandes en mariage, de trois hommes fort différents. Un honnête paysan, travailleur, compétent, spécialisé dans l’élevage de mouton, puis un très grand propriétaire de la région, vivant en un château magnifique, et remarquablement honnête, sincèrement épris lui aussi, forment, à deux moments de sa vie, deux partis des plus acceptables. Et elle risque fort de choisir un troisième concurrent inattendu, un beau sergent, fort mauvais sujet, lui, buveur, joueur, incapable d’attachements sincères… On fait parfois de très mauvais choix dans sa vie. L’intrigue tient par ses multiples rebondissements, qui peuvent certes paraître pour certains un peu artificiels, mais relèvent de la loi du genre, à l’écrit comme l’écran. Un certain suspens persiste jusqu’au bout sur le destin des personnages.
Les amateurs de drames romantiques, dont on avouera être, seront pleinement satisfaits avec Loin de la foule déchaînée.