Tribune libre d’Alexandre Vatimbella*
Or donc, les centristes ont décidé de créer un groupe à l’Assemblée nationale. Son nom: l’UDI (Union des démocrates et indépendants) dont son initiateur n’hésite pas à le qualifier de «forme moderne et écologique de l’UDF», oubliant qu’il ne s’agit pas (encore?) d’un parti mais d’un rassemblement de députés. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une bonne nouvelle pour tous ceux qui réclament une réunion et une refondation du Centre. Malgré tout, les ambiguïtés demeurent.
D’abord, on marquera son étonnement et une certaine incompréhension qu’il ait fallu attendre une déculottée électorale qui était prévisible et prévue pour que, tout d’un coup, les miettes éparses du Centre se rassemblent. Il est trop tôt, par ailleurs, pour savoir si l’UDI sera un vrai groupe «politique» ou plutôt un agrégat de députés qui, ensemble, peuvent disposer en tant que groupe de toute une série d’avantages.
Le fait que tout le monde semble y aller sans aucune négociation sur le projet politique et sur le positionnement exact du groupe ferait plutôt penser pour la seconde hypothèse. En revanche, le traumatisme qui a suivi l’écrasement du Centre lors de la présidentielle puis des législatives militeraient plutôt pour la première hypothèse.
Encore que ce ne soit pas un centriste qui en soit le chef mais Jean-Louis Borloo, le président du Parti radical, qui a toujours expliqué qu’il n’était pas un centriste mais un républicain social et écologiste. De plus, l’occasion était trop belle pour lui de renaître de ses cendres après avoir été la risée des Français avec sa vraie-fausse candidature à l’élection présidentielle.
Du coup, les fanfaronnades assez déplacées d’Hervé Morin (qui se retrouve avec sept députés contre vingt-quatre dans l’ancienne assemblée) sur sa capacité à former un groupe dont il serait le chef, ont encore une fois démontré son sens politique limité.
Le président du Nouveau centre devrait rejoindre ce groupe ou, peut-être l’UMP, tant ses positions ont l’air de se droitiser ces derniers temps.
Dans sa dernière interview donnée au Figaro il parle de «droite» pour se définir politiquement et non plus de «centre-droit».
Un glissement sémantique pas si innocent que cela quand on se rappelle ses déclarations sur les convergences entre les préoccupations de l’ancienne majorité et celles du Front national. En outre, ses pires ennemis intimes, ses anciens lieutenants, trustent les postes à responsabilité dans ce nouveau groupe. François Sauvadet en sera le vice-président et Jean-Christophe Lagarde, le porte-parole.
Bien sûr, le groupe ne comprendra pas François Bayrou qui a été battu et qui a décidé de prendre du recul, mais les deux députés du Mouvement démocrate devraient s’y trouver. Si l’on se demande quel avenir peut encore avoir le parti de Bayrou, il serait tout de même étonnant que la majorité de ses dirigeants soit prête à rejoindre un nouveau parti centriste dont parle Borloo dans les semaines qui viennent.
Alors que l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy explique que l’Union des démocrates et des indépendants est résolument dans l’opposition, bien des proches de François Bayrou ont fait des offres de service à François Hollande.
Quant au Nouveau centre, la haine entre son président, Hervé Morin, et celui du Parti radical, Jean-Louis Borloo, n’augure pas d’une fusion entre les deux entités politiques.
Si recomposition du Centre il y a (et elle semble inévitable), elle prendra plus de temps qu’un tour de passe-passe, fut-il positif. Mais celle-ci devra aussi se faire un état des lieux et une analyse honnêtes de ce qui a conduit les partis centristes dans le mur. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra bâtir sur du solide.
*Alexandre Vatimbella est journaliste et directeur du CREC (Centre d’étude & de recherche du Centrisme).
> Cet article est produit en partenariat avec le Centre d’étude & de recherche du Centrisme
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