La mythique piscine Molitor rouvre: pour certains seulement…

180 euros par jour ou 4500 euros par an…

 

images-2

C’est au bord de ses bassins, en 1946, que le bikini est apparu : Molitor, mythique piscine parisienne, squattée et livrée aux graffeurs depuis sa fermeture il y a 25 ans, rouvre au centre d’un luxueux complexe avec hôtel, spa et restaurant.

On raconte que Johnny Weissmuller, cinq fois médaillé d’or aux jeux Olympiques, y fut maître-nageur en 1929, année d’ouverture. On dit aussi que, quelques décennies plus tard, on venait y bronzer seins nus. La piscine a aussi donné son nom au héros de “L’Odyssée de Pi”, le film d’Ang Lee, oscarisé en 2013.

En déambulant dans les coursives de la piscine rénovée, on imagine sans peine les plongeons, les rires, les fêtes. Le directeur, Vincent Mézard, à peine trentenaire, a mené son enquête pour que la nouvelle Molitor se rapproche au maximum de la piscine d’antan.

Unknown-5

Une piscine très sélecte

On a eu beau longtemps la surnommer “le paquebot blanc”, le Guide bleu de 1933 décrivait des murs jaune tango. C’est donc cette couleur, proche du jaune moutarde, qui domine aujourd’hui encore Molitor. Autour du bassin d’hiver, les mosaïques ont été réalisées par le même fabricant qu’en 1929, qui a retrouvé les tons d’origine. Les garde-corps sont authentiques. Les vitraux, qui représentent des scènes de baignade, ont été rénovés.

Molitor, c’est donc toujours deux bassins : l’un, extérieur mais ouvert toute l’année, de 46 mètres, l’autre, sous une verrière, de 33 mètres. Les deux seront chauffés pour que l’eau soit à 28 degrés.

Mais le mythe a un prix, très loin du ticket de la piscine municipale. Molitor ne sera pas pour le Parisien lambda. Pour y nager, il faudra être client de l’hôtel cinq étoiles, qui compte 124 chambres à 300 euros en moyenne, donnant sur la piscine, ou bien être membre du club. Droit d’entrée à 1.200 euros, adhésion annuelle à 3.300 euros. Une entrée journalière est envisagée, moyennant 180 euros. Une exception sera faite pour les scolaires, qui auront accès au bassin d’hiver trois demi-journées par semaine.

A défaut d’être populaire, Molitor, classée aux monuments historiques, a bénéficié d’une cure de jouvence du meilleur goût. Les travaux ont démarré il y a deux ans et demi, après un appel d’offre lancé par la mairie de Paris et remporté par le groupement Bouygues, Colony Capital et Accor. Au total, les travaux ont coûté 80 millions d’euros.

Une Rolls taguée dans le lobby

“Quand les éléments d’art déco ont été retrouvés, nous avons reconstruit le lieu tel que l’architecte Lucien Pollet l’avait imaginé en 1929”, raconte Vincent Mézard. Dans le cas contraire, l’architecture est contemporaine.
Jean-Philippe Nuel, l’architecte d’intérieur, a voulu faire dialoguer les différentes époques de Molitor. Dans le lobby : une Rolls taguée par l’artiste JonOne. La période street art de Molitor est également rappelée dans des photos.

Molitor se rêve d’ailleurs en lieu d’accueil d’artistes. Les cabines autour du bassin d’hiver seront de mini-ateliers ou lieux d’exposition. Et Vincent Mézard espère accueillir des retransmissions d’opéra, des défilés de mode etc.

Le restaurant a été imaginé par le chef Yannick Alleno, ancien trois étoiles au Meurice à Paris, aujourd’hui à Courchevel, au “Cheval blanc”. L’hôtel est opéré par MGallery, du groupe Accor. Le Spa est signé Clarins.

Quant au toit-terrasse, on ne prend pas de risque en pariant qu’il sera un lieu incontournable à Paris cet été pour déjeuner ou prendre un verre, avec vue sur la Tour Eiffel, le bois de Boulogne et les gradins du court central de Roland Garros.

Source

Related Articles