« Enlevez ce gêneur, dit l’homme le plus puissant du monde. Enlevez-le, il me gêne. » Bob, le Président des Etats-Unis, désigne ainsi Vladimir Knezevitch Président du Monterosso, nouvel Etat qui a proclamé son indépendance dans les Balkans.

Les Monterossiens ont résisté « aux bogomiles, aux Turcs, aux Bulgares, aux Albanais, aux Autrichiens, aux Allemands, aux Italiens, aux communistes, aux musulmans de la Tsikota. Aujourd’hui, ils résistaient à l’ONU, à l’OTAN, à l’occident. » Ils ont la religion orthodoxe chevillée au corps et aggravent ainsi leur cas.

Les Américains ne veulent pas s’encombrer de ce petit obstacle à leur main mise sur les Balkans. L’enlèvement de ce récalcitrant au nouvel ordre mondial et sa traduction devant un tribunal international pour crimes contre l’humanité s’impose donc. On pourrait aussi le tuer mais un long procès aurait une valeur symbolique plus forte.

Les forces spéciales se chargent de l’opération. Mais le roi des montagnes, comme l’appelle affectueusement son peuple, est bien protégé et la tentative d’enlèvement, mal montée, se solde par un désastre. Bob est furieux : il exige une solution rapide. Son conseiller pense aux Français : ils sont doués pour ce genre de coup et n’ont rien à refuser à leur puissant allié.

Le Président français accepte, bien sûr. C’est un jeune et brillant officier qui est chargé de la mission et la monte avec le plus grand soin. Mais, en face, un ancien du KGB devenu ami du roi des montagnes a décidé de prendre en main sa sécurité. Ce sera un affrontement de grands professionnels.

Vladimir Volkoff a écrit ce livre un an après que les bombardements de l’OTAN n’obligent les Serbes à évacuer leur province du Kosovo afin de la laisser aux musulmans. Cet épisode inique sous-tend le récit qui garde cependant toute sa place romanesque.

Les personnages sont magistralement campés et les rebondissements d’un théâtre d’opérations à l’autre entretiennent une incertitude qui tient le lecteur en haleine.

Un très beau roman.