À la suite de l’incendie de Notre-Dame de Paris, Laurent Dandrieu analyse les réactions du président de la République et du ministre de l’Intérieur, qui « ont une volonté de minimiser la part chrétienne » de l’identité française.
Christophe Castaner s’est exclamé devant la cathédrale de Paris que ce n’était pas une cathédrale, mais un commun. Qu’est-ce qu’un commun ? Qu’a voulu dire Christophe Castaner ?
Savoir ce qu’a voulu dire Christophe Castaner est une question qui demanderait beaucoup de science. Je ne suis pas sûr qu’il le sache lui-même. On pourrait plaider la bêtise face à un propos pareil. Ce sont des mots qui ne sortent jamais par hasard d’un cerveau, quels qu’ils soient. Le fait que Notre-Dame de Paris ne serait pas essentiellement un monument religieux mais une sorte de maison commune qui appartiendrait à tous est une petite musique qui commence à s’installer un peu partout dans les médias, dans la bouche des journalistes et des hommes politiques. Certes, Notre-Dame de Paris a toujours été considérée comme la maison du peuple dans son ensemble. Mais elle n’est la maison du peuple que parce qu’elle est la maison de Dieu. C’est l’endroit où le peuple, dans ses épreuves, dans ses joies, dans ses difficultés, dans ses peines et dans ses bonheurs, a choisi unanimement de venir déposer ses émotions au pied de l’autel. C’est parce que c’est une cathédrale que c’est l’endroit où s’exprime l’âme la plus profonde du peuple qu’elle est devenue la maison commune. Cela n’est pas autrement.
Monseigneur Aupetit s’était exprimé sur Sud Radio. Il disait vouloir rappeler à Emmanuel Macron que le mot « catholique » n’était pas un gros mot. On sent un exécutif assez peu enclin à rendre Rome aux catholiques.
C’est tout à fait invraisemblable. Cela dénote à la fois une vision politique tout à fait démente et, humainement, un manque de délicatesse. Au moment précis où les catholiques sont frappés au cœur et douloureusement troublés par cette tragédie, piétiner à ce point leur sentiment en les excluant de l’émotion nationale apparaît d’une grossièreté absolument incroyable. Cette maladresse laissera des traces. Les catholiques se souviendront pendant assez longtemps de ce manque de courtoisie à leur égard et de l’hypocrisie qu’elle dénote.
Par ailleurs, on leur fait les yeux doux quand on a besoin d’eux et on les piétine quand ils sont dans la peine. Il y a aussi une vision politique, derrière. On est dans une forme de délire progressiste qui en vient à nier la continuité de la France et à nier sa dimension catholique, y compris les monuments catholiques. On assiste, en France, à des débats très virulents. Est-ce que la France se définit essentiellement par ses racines chrétiennes ou pas ? Les gens au pouvoir pensent que non.
À travers l’émotion qui a saisi tout le pays à l’occasion de l’incendie de Notre-Dame de Paris, on voit bien que l’âme du peuple a tranché. Elle a exprimé, par cette émotion, à quel point Notre-Dame de Paris et le catholicisme étaient au cœur de l’identité française.
Assez étrangement, il y a eu de belles phrases. Aujourd’hui, le gouvernement minimise cette part chrétienne au moment même où l’émotion populaire l’exprime. Je pense que cela n’est pas sans lien avec les projets qui commencent à voir le jour de manière assez démente. Certains veulent moderniser Notre-Dame. L’idée de nier la possibilité même de la reconstruire à l’identique est une manière de la transformer en autre chose que ce qu’elle était et de la détourner de son histoire, de sa continuité et de sa mémoire.
Boulevard Voltaire