Le Visegrád Post, site dédié à l’Europe Centrale!

L’Europe Centrale (Hongrie, Slovaquie, République Tchèque, Pologne …) est fréquemment montrée du doigt par les instances dirigeantes d’Europe de l’Ouest, et par la presse subventionnée. En cause ? Les positions conservatrices, protectrices de l’Europe, qui sont majoritaires, à la fois chez les gouvernants mais aussi chez les peuples d’Europe Centrale. Là bas, pas de multiculturalisme (ils ont constaté l’échec qu’il représentait à l’Ouest), pas d’immigration et d’accueil de migrants, et une fierté identitaire et nationale mise en valeur, ainsi qu’un patrimoine respecté. De quoi rentre fou les partisans d’une disparition des frontières, et d’une fonte de la Civilisation Européenne et de son identité ethnique.

C’est pour donner un autre point de vue sur l’Europe Centrale que quelques journalistes de salon , à Paris ou à Bruxelles, que s’est monté le Visegrád Post. Ce journal, francophone et anglophone, est réalisé par des journalistes vivant sur place, et apporte un regard frais et neuf sur ce qu’ils se passent chez nos voisins d’Europe Centrale, derniers gardiens des frontières européennes. Rencontre avec la rédaction du Visegrád Post .

Breizh-info.com : pourquoi avoir lancé Visegrad post ?

Visegrád Post : Face à la désinformation permanente des médias mainstream sur l’Europe centrale, et face au besoin de transmettre des infos localement d’un pays à l’autre, nous avons lancé le Visegrád Post pour combler un vide. La montée en puissance politiquement et économiquement des pays d’Europe centrale est également une raison pour laquelle une plus grande communication est nécessaire pour le cœur géographique de l’Europe. D’autres sites ont d’ailleurs été lancés dans les derniers mois, dont un financé par Soros, pour critiquer et dénigrer l’Europe centrale ; preuve que la région intéresse de plus en plus.

Nous unissons donc nos efforts dans le but d’apporter, pour le moment à travers des brèves et des entretiens avec des personnalités locales, des nouvelles d’Europe centrale, non filtrées politiquement, et des avis de centre-européens.

Breizh-info.com : combien êtes vous à travailler sur ce journal ? Quelles sont vos ambitions ?

Visegrád Post : Difficile de donner un chiffre exact. Nombreux sont les collaborateurs ponctuels. Toute aide est d’ailleurs la bienvenue. Mais pour gérer le site au jour le jour, nous sommes deux pour le moment, bientôt trois.

D’ici quelques mois, nous espérons augmenter le nombre de brèves, produire deux entretiens par semaine et publier également des articles signés par des auteurs, publicistes et journalistes (plus ou moins connus), ainsi que poster des articles d’opinion. A terme, nous aimerions développer notre média pour diffuser également plus d’éléments culturels, sous divers formats, pour faire aussi découvrir la musique, la gastronomie, les arts, les traditions et les créations des pays d’Europe centrale. Enfin, d’ici un an, nous aimerions aussi développer nos équipes pour que le site s’enrichisse des 4 langues du V4, ainsi qu’un jour de l’allemand et du russe.

Breizh-info.com : Estimez-vous que la presse francophone et anglophone ne reflète pas bien la situation dans les pays du groupe de Visegrad ?

Visegrád Post : C’est très simple. Dans la presse francophone ou anglophone, les nouvelles viennent directement de quelques journalistes libéraux-libertaires locaux – mais pas forcément du cru – qui distillent une propagande idéologique. Si des faits sont évidemment relatés, les oppositions à certaines mesures sont volontairement recherchées et mises en avant, surévaluées, encensées. Les mesures démocratiques sont dénigrées et présentées sous un jour sombre, le tout dans un style paternaliste et au travers d’un prisme politique favorable au multiculturalisme et au cosmopolitisme.

Breizh-info.com : N’êtes vous pas un média réactionnaire ? Vous semblez défendre des pays dont l’Europe de l’Ouest se méfie ?

Visegrád Post : Question de point de vue. Les brèves que nous diffusons sont factuelles. Les entretiens que nous sélectionnons sont eux en revanche forcément plus connotés politiquement, mais cela est dû au fait que les personnes interrogées sont politiquement engagées. Nous voulons véritablement donner la parole à tout le monde, mais de façon équilibrée, c’est-à-dire représentative. Hors, les sociétés d’Europe centrale sont très majoritairement conservatives. Nous voulons être la voix des centre-européens, et en ce sens, nous serons forcément vus comme « réactionnaires » par certains… que nous voyons comme des extrémistes de gauche. Question de point de vue. L’Europe centrale aussi se méfie désormais de l’Eldorado déchu qu’est l’Ouest. On s’en sert même de contre-exemple désormais.

Breizh-info.com : comment les Polonais, les Hongrois, les Slovaques, perçoivent ils l’évolution de nos sociétés occidentales ?

Visegrád Post : Eh bien, j’y ai partiellement répondu plus haut. L’Occident était de 45 à 90 un rêve, un Eldorado fantasmé, c’était le « monde libre ». Au changement de régime au début des années 90, la génération qui sortait du communisme s’est jetée dans les bras sans réserve ou presque du libéralisme occidental. Aujourd’hui, les gens en déchantent, et la nouvelle génération, qui n’a pas connu le communisme, doit faire face aux problèmes que pose le libéralisme (au sens large : libéralisme économique, et libéralisme des mœurs). Avec la facilité de voyage, de communication et avec les récents événements ainsi que l’accentuation de la destruction de la société traditionnelle européenne à l’Ouest, l’Europe centrale s’inquiète de voir sa liberté chèrement acquise et son mode de vie difficilement préservé du communisme menacés par un totalitarisme mou qui prend forme de plus en plus à l’Ouest. Résultat ? En Hongrie, 53% des jeunes qui voteraient mettraient un bulletin pour le Jobbik, le parti radical national et populiste, tandis qu’en Pologne, c’est les 18-25 ans qui ont la part la plus élevées d’électeurs du PiS, le parti national-conservateur aujourd’hui au pouvoir, et réformant à tour de bras le pays.

Le groupe de Visegrád a de nombreux éléments en main pour devenir une force politique européenne majeure, et dans certains sujets, il l’est déjà. Reste à voir si l’accélération des événements (attentats, crise migratoire, TAFTA, crise ukrainienne, etc.) vont souder ou au contraire éloigner ces pays les uns des autres. Mais je prends le pari que l’Europe centrale se réveille pour la première fois en prenant conscience de son potentiel, et des risques qu’elle encoure dans son ensemble, et qu’elle ne pourra affronter que seule.

Propos recueillis par Yann Vallerie

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