.Villeneuve-lès-Avignon abrite la plus grande charteuse de France (en superficie au moins). Fondée par le pape d’Avignon Innocent VI en 1356, la chartreuse du Val-de-Bénédiction se développe et s’agrandit au fil du temps, elle atteint l’apogée de sa prospérité aux XVIIe et XVIIIe siècles. Plus d’une centaine de personnes habitaient alors dans le monastère, incluant moines et personnel domestiques.
L’église Saint-Jean-Baptiste, puis Sainte-Marie, fut édifiée au XIVe siècle. L’édifice, éventré, a perdu son sanctuaire, ruiné au XIXe siècle, d’où cette brèche de lumière à couper le souffle, avec vue sur le mont Andaon et le fort Saint-André.
La chapelle de la Trinité abrite le tombeau fastueux d’Innocent VI, qui date aussi du XIVe siècle. Ce dernier avait en effet formulé le souhait d’être enterré au sein du monastère. La présence de ce tombeau au sein de la chartreuse choqua les chartreux par sa magnificence et aussi par le fait qu’aucune personne extérieure ne pouvait être enterrée dans le monastère. Cependant, Innocent VI étant chef de la chrétienté, aucun membre de l’ordre n’osa s’opposer à sa dernière volonté. C’est le plus complet des tombeaux de papes français parvenus jusqu’à nous.
La chartreuse s’organise autour de trois cloîtres et d’une série d’édifices communautaires (église, réfectoire, cellules monastiques, salle capitulaire). Autour du pré toujours vert, les trois galeries du grand cloître distribuent les logements pour douze moines. Chaque habitation a sa porte et comporte toutes les commodités nécessaires à un homme qui renonce entièrement au commerce du monde. Le grand cloître n’est pas seulement un ensemble de cellules destinées au recueillement des religieux. Il accueille également le cimetière des moines et sa chapelle des morts.
Le chevet de la chapelle Saint-Jean-Baptiste est décorée de fresques peintes au XIVe siècle par Matteo Giovanetti, auteur des fresques du palais des Papes. Giovannetti entend nous donner l’illusion d’un véritable bâtiment et d’un véritable ciel au-dessus de nos têtes. Les boîtes scéniques dans lesquelles se déroulent les différentes séquences du récit forment une espèce de décor d’architecture unifié, en trompe-l’oeil, qui se développe sur le pourtour de la chapelle et laisse voir en parties hautes et sur la voûte un magnifique ciel bleu et vert émeraude, peuplé d’anges, hélas presque entièrement effacé. L’architecture feinte englobe même les embrasures des fenêtres.
Ce havre de paix hors du temps permet de découvrir le mode de vie très particulier des moines chartreux, basé sur l’isolement et le recueillement. Ce palais-monastère qu’est la chartreuse du Val-de-Bénédiction est le pendant du palais des Papes d’Avignon.